L’imam de Fayçal à ses détracteurs : ‘’Notre religion ne me permet pas de faire révolter un peuple contre son dirigeant’’


[dropcap]C[/dropcap]ible d’une pluie de critiques dans les médias, l’imam de la grande mosquée de Fayçal n’entend plus se taire. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, Elhadj Mamadou Saliou Camara a répondu en langue locale soussou à ceux qui l’accusent de n’avoir pas appelé l’ancien président Alpha Condé à renoncer à l’idée du troisième mandat. Extraits.

« Il faut savoir que l’ancien président Alpha Condé n’impliquait pas les imams dans la gouvernance politique du pays. Il ne m’a jamais individuellement pour me parler d’un quelconque changement. Dans ce pays, des journalistes sont allés jusqu’à me demander ce que je pense du changement de Constitution et de la volonté d’Alpha Condé de briguer un troisième mandat. J’ai répondu que pour l’instant, le président ne m’en a parlé officiellement et je ne peux pas me prononcer sur quelque chose que je ne sais pas. Si le président m’en parlait, j’allais lui dire ouvertement que j’en pense.

Le président ne nous a jamais appelés pour nous parler de troisième mandat. Il avait un ministre en charge des Affaires religieuses ainsi que des inspecteurs régionaux à travers le pays. Ces derniers occupent des fonctions politico-administratives. Un jour pendant le mis de Ramadan, il a invité les inspecteurs régionaux et certains imams de Conakry pour rompre le jeûne au palais Sékhoutouréyah. C’est N’fa Sékou, paix à son âme, qui a demandé au président ce jour-là de tout faire pour les inspecteurs régionaux, qui se déplacent à bord de taxis, puissent avoir des engins roulants. Les imams n’ont pas reçu de véhicules. Je n’ai eu aucun véhicule.

La seule fois que j’ai reçu un véhicule du président, c’est quand il nous a nommés à la tête de la commission provisoire de réflexion pour la réconciliation nationale. Il m’a offert un 4×4 Toyota Fortuner et un autre à l’archevêque de Conakry. Le PNUD aussi a mis à notre disposition des véhicules de service. Au terme de notre mission, le PNUD a récupéré tous les véhicules de la commission provisoire de réflexion pour la réconciliation nationale. Il a octroyé les véhicules de deux chefs religieux que nous sommes au garage du gouvernement pour les réformer et mettre des plaques VA.

Le président Alpha Condé et moi n’avons jamais parlé de projet de changement de Constitution. Il n’a pas demandé mon avis là-dessus. Je ne voulais pas sortir de mon silence. Mais on m’accuse d’avoir reçu de l’argent et des véhicules, cela ne m’a pas plu. On dit que je disais la vérité au temps du Général Lansana Conté. Cela veut dire que durant les 10 dernières années, j’ai été corrompu pour soutenir le président. Tous ceux qui me critiquent aujourd’hui dans les médias, ils veulent juste prendre ma place. Qu’ils sachent que si on veut m’enlever aujourd’hui à la tête de la mosquée Fayçal, je m’empresserai de quitter mes fonctions d’imam.

Moi je sais que notre religion ne permet pas un imam d’insulter un chef. Elle ne permet pas un imam de faire révolter un peuple contre son dirigeant. Si un autre imam l’a fait ailleurs, moi je ne le ferai pas. Je prodiguerai des conseils au président sans appeler à la révolte. Je ne le ferai pas jusqu’à ma mort ».