La Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA) a blanchi jeudi l’Office togolais des recettes et sont agent DAGADOU Yao Richard Mawunyo. Ce dernier a été accusé d’avoir soustrait une partie des paiements effectués par un contribuable via Mobile Money.
L’affaire avait été révélée par le journal Symphonie. Dans son édition n°256 du vendredi 22 novembre 2024, le journal titrait « Mobilisation des recettes publiques et les effets de la corruption », avec un sous-titre à la page 3 : « Le scandale qui fait tache ». Le tabloïd dénonçait un supposé détournement de fonds par un agent de l’Office Togolais des Recettes (OTR), mettant en cause DAGADOU Yao Richard Mawunyo.
Une enquête qui révèle des incohérences
Mais cette accusation a rapidement pris une autre tournure lorsque l’enquête menée par la Haute Autorité de Prévention et de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HAPLUCIA) a révélé que le plaignant et le supposé contribuable floué étaient une seule et même personne : GALLEY Yao Sénam, Directeur de publication du journal Symphonie et promoteur de l’entreprise individuelle SYMPHO VISION.
Alertée par la publication, la direction de la prévention et de la lutte contre la corruption de l’OTR a mené une investigation qui a permis d’identifier le bureau concerné (Agoè-Nyivé 5) et l’agent mis en cause (DAGADOU Yao Richard Mawunyo). Le 30 décembre 2024, une audition a eu lieu au siège de la HAPLUCIA en présence des parties concernées.
Selon les éléments recueillis, l’agent de l’OTR aurait simplement aidé GALLEY Yao Sénam à régulariser son dossier fiscal, comme cela s’était déjà fait auparavant. Le paiement de 30 600 F CFA comprenait : 26 163 F CFA pour les redevances fiscales; 4 000 F CFA pour la carte d’opérateur économique ; et 600 F CFA de frais de retrait.
Des documents attestant de la transaction ont été transmis au plaignant le jour même. Pourtant, deux mois plus tard, celui-ci accusait l’agent de détournement, a renseigné la HAPLUCIA lors d’un point de presse à Lomé.
Confrontation par la HAPLUCIA
Lors de son audition, GALLEY Yao Sénam a reconnu avoir envoyé 30 000 F CFA à l’agent, mais a nié lui avoir demandé de régler ses frais administratifs. Or, l’enquête a démontré que tous les paiements avaient été effectués le 3 octobre 2024 entre 10h57 et 12h22, ce qui contredit ses affirmations selon lesquelles il aurait réglé lui-même ses frais le lendemain.
La HAPLUCIA a également mis en lumière une manipulation flagrante. D’après l’institution de lutte contre la corruption, les horaires indiqués par le plaignant correspondent en réalité à l’émission du bulletin et non au paiement effectif. En plus, elle précise que l’émission des documents fiscaux portait bien l’annotation manuscrite de l’agent incriminé, prouvant que ce dernier avait bien effectué les paiements.
Face à ces éléments, une nouvelle confrontation a été convoquée pour le 30 janvier 2025. Mais le Directeur du journal ne s’y était pas présenté, envoyant une lettre de désistement le 28 janvier.
Selon Kimelabalou Aba, le président de la HAPLUCIA, l’affaire a finalement mis en lumière une tentative délibérée de manipulation. Pour lui, GALLEY Yao Sénam n’a effectué aucun paiement, mais a utilisé les copies des pièces remises par l’agent de l’OTR comme preuves fictives pour l’accuser.
De même, le journaliste est accusé de s’être présenté dans son propre journal comme un opérateur économique victime d’un détournement, alors qu’il était à la fois plaignant et concerné par la transaction.
« Ce qui devait être une dénonciation contre la corruption s’est donc transformé en un acte de diffamation basé sur des faits tronqués », accuse la HAPLUCIA affirmant qu’en publiant des accusations non fondées, le journal Symphonie a induit le public en erreur et discrédité une institution.
La collaboration entre l’OTR et la HAPLUCIA dans ce dossier est la preuve de leur engagement à lutter contre la corruption, mais aussi contre les manipulations visant à nuire à l’intégrité des agents publics.