Le Mouvement Martin Luther King (MMLK) déplore les conditions de travail déplorables dans les entreprises de la zone franche du Togo. Dans une lettre adressée mardi au Directeur Général de la Société d’Administration de la Zone Franche (SAZOF), l’organisation a dénoncé l’exploitation et l’aliénation des travailleurs, 35 ans après la création de cette zone économique.
Depuis sa mise en place dans les années 1990, l’objectif de la zone franche est de réduire le chômage et de créer des opportunités pour la jeunesse togolaise. Mais, plus de trois décennies plus tard, ce projet semble avoir échoué dans sa mission première. Selon le MMLK, les travailleurs, majoritairement employés dans des sociétés détenues par des expatriés, continuent de vivre dans des conditions précaires, loin des promesses de développement.
Les salaires des employés sont souvent en deçà du salaire minimum garanti (SMIG), et la majorité des contrats sont des CDD, avec un accès limité aux CDI. De plus, des pratiques comme l’absence de bulletins de paie, la non-remise des congés et la non-rémunération des heures supplémentaires sont monnaie courante. La sécurité au travail est également négligée, exposant les travailleurs à des accidents de travail.
L’une des plus graves accusations portées par le MMLK est l’interdiction du droit de grève, un droit fondamental des travailleurs. Toute tentative de contestation se solde par des licenciements abusifs. L’organisation cite en exemple le cas des délégués du personnel de la société Mèches Amina, licenciés pour avoir osé protester.
Appel à une réforme de la Zone franche
Le silence des autorités, et en particulier de la SAZOF, face à ces abus est également dénoncé. Le MMLK critique l’inaction de l’administration, qui semble protéger les intérêts des employeurs plutôt que de défendre les droits des travailleurs. Cela renforce l’idée que les entreprises de la zone franche, malgré les avantages fiscaux et douaniers dont elles bénéficient, continuent d’exploiter les travailleurs togolais, tout en accumulant des profits colossaux.
L’organisation appelle à une réforme en profondeur de la zone franche pour garantir des conditions de travail dignes et respectueuses des droits humains. Le MMLK insiste également sur la nécessité de faire respecter la législation du travail, en particulier en ce qui concerne les contrats de travail, les salaires et les droits sociaux des employés.
Le MMLK met également en lumière des cas graves de violence, comme celui survenu à la Société Nouvelle d’Industrie à Gbatope.
“Un exemple flagrant de cette exploitation se trouve à la Société Nouvelle d’Industrie à Gbatope. Les travailleurs se battent depuis plusieurs mois pour de meilleures conditions. En réponse, ils ont été violemment réprimés, certains blessés et hospitalisés. Ces abus restent impunis”, a indiqué Pasteur Edoh Komi, président du MMLK.
Face à cette situation alarmante, le MMLK envisage des actions plus fortes, y compris des manifestations, pour exiger des réformes urgentes et obtenir justice pour les travailleurs de la zone franche.
Le MMLK appelle à un changement radical dans la gestion de la zone franche afin de protéger les travailleurs et de faire en sorte que l’objectif initial du projet — offrir de meilleures conditions de vie et de travail à la jeunesse togolaise — soit enfin atteint. Le temps est venu pour des actions concrètes.