Dans une volonté affirmée de renforcer les dispositifs de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive, la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a franchi un nouveau cap. Le 18 mars dernier, l’institution dirigée par Jean-Claude Kassi Brou a rendu publique une nouvelle instruction réglementaire. Cette décision marque un tournant dans le contrôle des flux financiers au sein de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA).
Signée et publiée à Dakar, l’instruction N°002-03-2025 fixe désormais à 10 millions FCFA le seuil de déclaration obligatoire pour les transactions intracommunautaires en espèces ou en instruments négociables au porteur. Autrement dit, tout mouvement d’argent en liquide ou sous forme d’instruments financiers entre deux pays membres de l’UMOA, ou transitant par l’un d’eux, devra être déclaré auprès de l’Administration des Douanes compétente, dès lors qu’il atteint ou dépasse ce montant.
Un dispositif pour mieux tracer les flux financiers
En toile de fond, la traçabilité. Pour la BCEAO, l’objectif est clair : « renforcer le dispositif de surveillance et prévenir les activités financières illicites », notamment dans un contexte régional de plus en plus exposé aux risques liés au terrorisme et à l’économie informelle. Ce seuil s’applique au point d’entrée ou de sortie de chaque État membre, et vient combler une faille souvent exploitée par les réseaux criminels ou terroristes pour déplacer discrètement des fonds à l’intérieur de l’espace UEMOA.
« Cette instruction de la BCEAO vise à donner aux administrations douanières et aux services financiers les moyens de mieux contrôler les flux en espèces qui franchissent les frontières intra-UEMOA, tout en favorisant la coopération entre États membres », explique un expert monétaire.
Des sanctions prévues par la BCEAO pour les contrevenants
Conformément à la loi uniforme adoptée par les États de l’UMOA dans le domaine de la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, les contrevenants s’exposent à des sanctions pénales et administratives. Ces mesures vont de l’amende à la confiscation des fonds, voire à des poursuites judiciaires en cas de soupçon de financement d’activités criminelles ou terroristes.
Cette mesure s’applique immédiatement depuis sa publication et s’inscrit dans une dynamique plus large d’harmonisation des pratiques douanières et financières dans la région. Elle devrait également avoir pour effet de dissuader les mouvements suspects de capitaux et de favoriser une culture de la transparence financière, exigée par les partenaires internationaux et les organismes de surveillance.
Avec cette nouvelle instruction, la BCEAO réaffirme son rôle central dans la régulation monétaire régionale, et dans la sécurisation de l’espace financier ouest-africain, à l’heure où les enjeux de stabilité, de sécurité et de gouvernance économique sont plus que jamais au cœur des priorités des États membres de l’Union.