'La seule chose sur laquelle on est d’accord au Togo, c’est qu’on n’est jamais d’accord'



À quelques jours de l’entrée en vigueur complète de la nouvelle constitution, le 6 mai 2025, le Togo s’apprête à désigner son prochain président de la République, marquant ainsi une étape cruciale dans la transition vers la Vᵉ République. 

Cette réforme, promulguée le 6 mai 2024 par le président Faure Gnassingbé, a fait basculer le pays d’un régime présidentiel vers un régime parlementaire, redéfinissant les rôles et les responsabilités au sommet de l’État.

Mohammed Tchassona Traoré, 2ᵉ Secrétaire parlementaire du Sénat et président du Mouvement citoyen pour la démocratie et le développement (MCD, opposition), a annoncé la convocation imminente du Congrès, réunissant députés et sénateurs, pour élire le futur Président de la République. 

Bien que ce poste soit désormais honorifique, dénué de pouvoirs exécutifs significatifs, M. Traoré insiste sur l’importance de choisir une figure consensuelle. « Ce n’est pas forcément un acteur politique que nous voulons voir là-bas. Une personne qui fait l’unanimité, qui n’est pas très clivante. Homme ou femme, cette personnalité doit être au-dessus de nos récurrentes divisions », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d’une figure capable d’incarner l’unité nationale dans un contexte politique souvent marqué par les tensions.

M. Traoré, observateur averti de la scène politique, regrette les divisions persistantes au sein de la classe politique. « Nous sommes devenus un cas d’école ou encore une curiosité où la seule chose sur laquelle on est d’accord au Togo, c’est qu’on n’est jamais d’accord », a-t-il déploré, appelant à l’émergence d’une personnalité capable de « taper du poing sur la table » pour fédérer le pays autour des ambitions de développement portées par la nouvelle dynamique institutionnelle.

Si l’élection du président de la République suscite des débats sur le profil idéal, celle du président du Conseil des ministres, véritable détenteur du pouvoir, apparaît comme une formalité. 

Selon la nouvelle constitution, il est le parton du parti majoritaire ou de la coalition jouissant d’une majorité à l’Assemblée nationale.

Le parti majoritaire, l’Union pour la République (UNIR), dirigé par Faure Gnassingbé, a remporté 108 des 113 sièges lors des élections législatives d’avril 2024. 

« Pour le président du Conseil, les textes sont clairs. C’est une question constitutionnelle réglée », a confirmé M. Traoré, précisant que la désignation se fera par une simple transmission écrite au bureau de l’Assemblée nationale, suivie d’une prestation de serment devant la Cour constitutionnelle.