Annonce de l’élection présidentielle
Le 2 juillet 2024, le président tunisien Kais Saïed annonce que l’élection présidentielle se tiendra le 6 octobre 2024. Selon l’Instance Supérieure Indépendante pour les élections (ISIE), les candidatures peuvent être déposées du 29 juillet au 6 août. Une liste préliminaire des candidats sera publiée le 11 août et la liste définitive sera annoncée au plus tard le 3 septembre.
Un régime ultra-présidentialiste
Cette annonce rassure de nombreux électeurs tunisiens, inquiets d’un possible retour à un régime autoritaire, mais elle soulève également des questions sur le caractère démocratique de cette élection.
Pour rappel, Kais Saïed est président de la République depuis 2019, année de son élection démocratique. Sa candidature avait été appréciée pour son indépendance politique, sa connaissance du droit constitutionnel et sa probité, ce qui lui avait permis de remporter le second tour avec 72,7 % des suffrages exprimés.
Cependant, depuis son coup de force constitutionnel du 25 juillet 2021, où il s’est attribué les pleins pouvoirs, la politique du président tunisien a pris une tournure autoritaire, marquée par des arrestations répétées, une fragilisation de la société civile, et des atteintes à la liberté de pensée et d’expression.
Les enjeux de l’élection présidentielle de 2024
L’absence d’opposition électorale face à Kais Saïed, due à l’emprisonnement d’une grande partie de ses opposants politiques, fait craindre une élection sans réel enjeu. Le taux de participation sera un indicateur crucial, surtout après une abstention record de 90% lors des dernières élections législatives, qui a remis en question la légitimité du président en place. De plus, l’indépendance de l’ISIE est mise en doute, la majorité de ses membres étant nommés par le président.
La Tunisie, figure du printemps arabe et pays auparavant sur la voie de la démocratisation, traverse donc une période de flou, exacerbée par des conditions économiques de plus en plus défavorables. À l’approche de l’élection présidentielle de 2024, c’st donc l’avenir politique et démocratique du pays qui est en jeu.
Rahma Turki, Analyste Géopolitique Junior et chargée de communication InterGlobe Conseils, cabinet-conseil en expertise géopolitique et communication stratégique https://www.interglobeconseils.org, [email protected]