Sokodé (Préfecture de Tchaoudjo) a accueilli mardi la cérémonie officielle marquant la 35ᵉ édition de la Journée africaine de la statistique (JAS). Cette première organisation en dehors de la capitale symbolise la volonté de décentraliser non seulement les données, mais aussi leur gouvernance. Le Directeur général par intérim de l’INSEED, Gentry Akoly a prononcé un discours au nom du ministre de la planification du développement. Désormais, le Togo place la statistique au cœur de sa transformation structurelle.
Le thème retenu cette année est « Tirer parti des innovations en matière de données et de statistiques pour promouvoir une société juste, pacifique, inclusive et prospère pour les Africains ». Il résonne comme un manifeste. La volonté est d’œuvrer pour que la statistique ne soit plus perçue comme une simple fonction administrative mais comme une science du pouvoir d’agir. « Les données ne sont pas des chiffres inertes. Ce sont des outils sociaux qui donnent aux citoyens des moyens d’action, réduisent les inégalités et promeuvent la paix », a souligné M. Akoly.
au Togo, depuis l’adoption en 2011 de la loi-cadre sur l’activité statistique, la création du Conseil national de la statistique (CNS) et de l’Institut national des études et enquêtes démographiques (NSEED), le pays a opéré un virage institutionnel majeur. Mais c’est dans les méthodes que la transformation est la plus spectaculaire. Le RGPH-5, le RGE-2, l’enquête EHCVM ont été menées via tablettes et smartphones, permettant une collecte plus rapide, une géolocalisation précise et une traçabilité renforcée.
Désormais, l’INSEED met le cap sur l’intelligence artificielle (IA), les données mobiles, les sources satellitaires, les paiements numériques… Autant de nouveaux gisements à exploiter pour combler les lacunes persistantes notamment en zones rurales ou dans les secteurs informels, qui représentent plus de 80 % de l’emploi.
« À l’avenir, des plateformes alimentées par l’IA, contextualisées pour les réalités africaines, devront être nos catalyseurs », a insisté M. Akoly. Et d’ajouter une précision essentielle : « Les données, en tant que bien public, doivent être librement accessibles. ».
Une logique qui s’inscrit dans un combat pour la transparence, la redevabilité, et la participation citoyenne.
La statistique au service des politiques concrètes
La statistique ne vaut que par son utilisation. Et là, le Togo avance à pas comptés, mais sûrs. La cartographie de la pauvreté, réalisée à partir des enquêtes EHCVM, guide désormais la ciblage des filets sociaux. Les indices conjoncturels (IPI, IPPI, IHPC) permettent d’ajuster en temps réel les politiques économiques. Le recensement national agricole (RNA), actuellement en cours, prépare le terrain pour une réforme foncière et une modernisation de la chaîne de valeur agro-alimentaire.
Quant au deuxième rebasage des comptes nationaux, en cours grâce à l’appui de la Banque mondiale et de l’Union européenne, il ambitionne d’intégrer pour la première fois, de manière systématique, l’orpaillage artisanal, le commerce transfrontalier informel, ou encore les activités numériques émergentes. Des pans entiers de l’économie togolaise jusqu’ici invisibles dans les agrégats officiels.
M. Akoly n’a pas manqué de saluer la « vision stratégique » du Président du Conseil, dont l’appui constant a permis de faire de la statistique une priorité transversale. « Le Président ne veut plus de politiques fondées sur l’intuition ou la rhétorique, mais sur des données probantes », a-t-il rappelé.
Cette Journée Africaine de la Statistique 2025 coïncide avec la Journée mondiale de la statistique, dont le thème est « Stimuler le changement grâce à des statistiques et des données de qualité pour tous ». La célébration vise à mieux inscrire le Togo dans une dynamique globale. Une dynamique où l’Afrique ne se contente plus d’être objets de mesure, mais devient sujet de production, d’analyse, et surtout, de décision.
À l’issue de la cérémonie, des ateliers techniques ont été lancés avec les maires, les préfets, les représentants de la société civile et les partenaires techniques sur la statistique locale, la diffusion inclusive des données, ou encore la protection des données personnelles.
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