Arrivé à la tête de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) en 2007, Cellou Dalein Diallo assure que grâce à l’accompagnement du doyen Bah Mamadou, il a pu implanter le parti sur toute l’étendue du territoire national.
Dans l’émission « On refait le monde », l’ancien Premier ministre assure que sa partition dans le redressement de l’économie guinéenne sous Lansana Conté et son combat contre la corruption lui ont permis de bénéficier de soutiens. Extraits…
‘’Lorsque j’ai été limogé de mon poste de Premier ministre, je suis resté un an à l’étranger. Beaucoup de m’ont suggéré de faire la politique. J’avais acquis une crédibilité à l’intérieur compte tenu de mon engagement très fort pour la liberté de la presse mais aussi pour le redressement de l’économie. C’était la descente aux enfers, le taux de changes ne faisait que se dégrader. J’ai élaboré un programme de stabilisation de l’économie que j’ai vendu aux bailleurs de fonds qui ont accepté de m’accompagner sous réserve que je puisse quand même faire des résultats. Et ces résultats ont été obtenus.
Beaucoup de personnes m’ont suggéré de faire la politique compte tenu de l’expérience acquise dans la gestion de l’Etat et de mon réseau que j’avais à l’international parce que j’ai fait une dizaine d’années en dehors du pays mais aussi de la crédibilité que j’avais acquise dans la lutte contre la corruption et le redressement de l’économie. J’ai hésité un moment, je dois l’avouer. Parce que je suis profondément croyant, j’ai occupé tous les postes publics. Dès que je suis sorti de l’université, j’ai été directeur, directeur sectoriel, ministre, Premier ministre. C’est un don de Dieu. Et pendant tout ce temps, je n’ai jamais été interpellé pour un acte de mauvaise gestion. Donc, je pouvais me contenter de ça. On m’a offert un poste à l’international. Je me suis dit qu’il faut que je prenne un poste que le président Wade avait négocié pour moi à l’international. C’était un poste important au lieu de rentrer en Guinée pour faire la politique. Mais la pression était forte. Finalement, j’ai accepté. Donc, je suis rentré en Guinée avec le statut d’un parti politique, l’ARD (l’Alliance pour la République et la Démocratie).
Arrivé à Conakry, j’ai reçu des offres. Le président Bah Mamadou est venu chez moi pour me dire : ‘J’ai appris que tu veux faire la politique. Ne crée pas un parti, je te donne l’UFDG’. J’ai répondu : ‘Doyen, merci beaucoup pour la confiance’. Il m’a dit : ‘Si tu as le courage de faire la politique, ça sera vraiment une chance pour la Guinée. Je te donne l’UFDG parce que je te connais bien. Malheureusement, le monde ne te connait pas, mais je ferai en sorte que tu sois bien connu par les guinéens et à travers le monde’. Je lui ai dit : ‘Laissez-moi réfléchir’. Des gens de l’UPR, pas la haute direction, sont auqsu venus me voir pour me dire qu’il faut que je vienne à l’UPR. J’ai dit : ‘OK, qu’est-ce que vous me proposez ?’. Ils m’ont dit : ‘Viens, on va négocier pour que tu prennes la direction du parti’. Mais c’étaient quelques individus. Au niveau de la direction de l’UPR, il y avait une ferme opposition à ma venue. L’UPR, à tort ou à raison, me reprochait d’avoir affaibli le parti en défendant le PUP. Ce qui n’était pas tout à fait faux. Je ne visais pas l’UPR en tant que tel mais j’ai la campagne pour le président Conté et pour le PUP parfois à l’occasion des élections législatives. J’avais des arguments de taille. J’étais certes membre du gouvernement, mais j’estime qu’avec Conté, la liberté des citoyens était une réalité. C’est vrai que Sékou Touré était le pionnier de la libération de la Guinée et même de la décolonisation de l’Afrique. Mais en ce qui concerne les libertés en Guinée, il y avait énormément de restrictions. Vous vous souvenez du Camp Boiro. Avec Conté, c’était la liberté, le multipartisme intégral, la liberté d’expression, d’entreprise. Je ne dis que le régime était parfait, mais on était sortis d’un régime autoritaire pour un régime libéral. La liberté des citoyens était totale, les gens pouvaient voyager, rentrer chez eux lorsqu’ils ont acquis des biens pour investir dans leurs villages sans qu’on ne leur demande des comptes (…). Lorsque j’étais Premier, je conversais avec les grands de ce monde. Donc, certains de l’UPR estimaient que je pouvais leur apporter ça. Malheureusement, certains étaient hostiles. Finalement, je me suis résolu à venir à l’UFDG. Il y avait la notoriété de Bah Mamadou et de Bah Oury, mais le parti n’était pas implanté.
J’ai consulté mon grand frère Elhadj Cellou et Kassory avant de venir. Ce dernier m’a dit que c’était plus prudent pour moi d’aller à l’UFDG (…). A l’UPR, il n’y avait pas de garanties. En plus de ça, il y avait ma propre analyse de la situation. Donc, j’ai accepté d’aller avec l’UFDG en novembre 2007. On m’a installé comme président en attendant le congrès. Voilà comment j’y suis arrivé’’.
Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info
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