Du haut de la tribune des Nations Unies, le chef de l’Etat guinéen a indiqué jeudi aux dirigeants du monde que l’Afrique souffre d’un modèle de gouvernance qui lui a été imposé. Si le colonel Mamadi Doumbouya que le modèle est bon et efficace pour l’occident qui l’a conçu au fil de son histoire, il a du mal à s’adapter aux réalités africaines.
Estimant que ‘’la greffe n’a pas pris’’, il se dit conscient que ses propos vont susciter des réactions. ‘’Lorsque je dis cela, tout de suite ils sont nombreux à se dire : ‘Encore un bidasse qui veut tordre le cou à la démocratie’, ‘Encore un soldat qui veut imposer sa dictature’’’.
Toutefois, souligne-t-il, ‘’de façon très claire, sans hypocrisie, sans faux semblant, les yeux dans les yeux, Nous sommes tous conscients que ce modèle démocratique que vous nous avez si insidieusement et savamment imposé après le sommet de la Baule en France, presque de façon religieuse, elle ne marche pas. Les différents indices économiques et sociaux sont là pour le démontrer’’.
Il précise que ‘’ ce n’est pas un jugement de valeur sur la démocratie en elle-même. Croyez-moi. C’est un bilan. Un constat sur plusieurs décennies d’expérimentation chaotique de ce modèle dans notre environnement. Une période où il n’a été question que de joutes politiques. Au détriment de l’essentiel : l’économie’’.
Pour le colonel Doumbouya, ‘’ce modèle démocratique a surtout contribué à entretenir un système d’exploitation et de pillage de nos ressources par les autres et une corruption très active de nos élites. Des leaders nationaux à qui on a souvent accordé des certificats de démocrate en fonction de leur docilité ou de leur aptitude à brader les ressources et les biens de leurs peuples uu encore de leur facilité à céder aux pseudo recommandations et injonctions de certaines institutions internationales au service des grandes puissances’’.
‘’Je dois d’ailleurs dans ce sens confesser que tout ce à quoi je fais face dépasse toute imagination. Ce sont les mêmes qui professent la démocratie, la transparence, la bonne gouvernance, qui dénoncent la corruption, qui dictent les règles. C’est eux qui en off, très discrètement et sournoisement redoublent de pression pour nous faire céder notre patrimoine dans des contrats léonins’’, ajoute-t-il, en restant droit dans ses bottes.
Il assure qu’il comprend aujourd’hui ‘’certains dirigeants, quelques-uns de mes prédécesseurs qui, parce qu’ils avaient des fragilités, parce qu’ils étaient sous pression, ou parce qu’ils trainent des casseroles ou surtout parce qu’ils avaient un agenda politique ont cédé à ce qu’on leur demandait. Je les comprends sans les approuver. Certains m’ont même rappelé que si j’avais un agenda politique je serais moins à l’aise pour mener à bien les réformes auxquels mon gouvernement et moi nous nous sommes attaqués’’.
A qui veut l’entendre, il dit que ‘’nous n’avons qu’une seule préoccupation. Le bien-être du peuple et le vivre ensemble. C’est cela notre priorité. C’est pourquoi la transition que je dirige a choisi de se consacrer avec méthode en fixant des objectifs clairs dans un ordre précis : le social, l’économie et le politique’’.
Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info
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