La conduite de la transition est loin de rassurer le professeur de philosophie Amadou Sadjo Barry. Il assure que la junte au pouvoir représente de nos jours la plus grande trahison morale et politique de l’histoire de la Guinée, après Sékou Touré et le PDG-RDA.
Suivant de près l’actualité en Guinée, le professeur de philosophie estime que “le peuple de Guinée a été instrumentalisé par le CNRD pour la à fois régler les querelles intestines au sein de l’armée, sous la présidence Condé, mais surtout pour mieux conserver les privilèges économiques liés au contrôle du pouvoir, historiquement dominé par l’armée”.
En fait, argumente-t-il, ‘’la bouffée d’oxygène libérée après le coup de force du 5 septembre 2021 n’avait d’égal que l’emblématique ‘Non’ du 28 septembre 1958. Dans les deux cas, le peuple n’aspirait pas seulement au changement et à la liberté, mais à une nouvelle manière de nommer et de regarder l’homme, un nouveau rapport au pouvoir et à la société, une dignité tant dans la pratique du politique que dans la relation à l’autre’’.
Il souligne qu’à ces demandes légitimes se sont opposées ‘’la tyrannie de la révolution socialiste (l’une des plus sanglantes de la postcolonie) et, maintenant, une dictature de la refondation. Dans les deux cas aussi, la violence du pouvoir a été justifiée au nom de la moralisation de la vie publique et de la transformation de l’homme par l’homme’’.
Aujourd’hui, martèle l’auteur de Essai sur la refondation politique de la Guinée, ‘’le CNRD veut cacher ses turpitudes derrières des infrastructures rénovées, des chantiers ouverts ici et là et des opérations de séduction. La politique de l’image a ramené dans l’ombre l’incroyable restauration d’une dictature politico-militaire, l’armée comme en 1990 ayant violemment confisqué la transition, avec la complicité d’une partie de la jeunesse encore plus disposée à la dictature que nos aînés’’.
Le problème, selon lui est que ‘’les religieux refusent de comprendre le contrôle de l’espace politique par les militaires, l’enchevêtrement du politique et du militaire, en s’engageant dans une médiation pour la réussite de laquelle le CNRD n’a aucun intérêt. Le régime militaire actuel est en principe et en pratique un conducteur de la violence, de l’instabilité et du désordre. Et c’est cette réalité que les religieux refusent d’admettre et d’affronter. Or, aucune médiation ne peut réussir lorsqu’elle fait l’économie des facteurs qui divisent et plongent un pays dans la désolation’’.
Pathé BAH, pour VisionGuinee.Info
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