Les Forces vives de Guinée comptent se faire entendre dans la rue à partir du 10 mai, après leur retrait des consultations avec le Premier ministre Bernard Goumou. Une démarche que ne partage pas l’ancien ministre de la réconciliation nationale Bah Oury.
Le président de l’Union des démocrates pour la renaissance de la Guinée (UDRG) dit ne pas être favorable à la reprise des protestations de rue.
‘’Je suis particulièrement désolé de revenir toujours sur ce genre de questions depuis pratiquement 2011. La Guinée est toujours dans ce cycle : manifestation, répression, enterrement, deuil, parfois des accords qui ne respectent pas la primauté du droit et de la loi. Et on recommence encore quelques temps après avec des manifestations’’, déplore Bah Oury.
‘’C’est la raison pour laquelle, depuis très longtemps, j’ai dit qu’il faut changer de méthodes, de stratégies. On ne peut pas observer avec gaieté de cœur qu’à chaque manifestation, on enregistre des morts, des blessés, surtout des enfants. Je suis désolé de le dire, mais ne partage pas la stratégie, la manière de faire de ces dirigeants politiques qui, apparemment, font comme s’ils ne retiennent aucune leçon du passé’’, ajoute-t-il.
Bah Oury estime que la médiation engagée par les leaders religieux n’avait aucune chance d’aboutir en raison des points d’achoppement entre les Forces vives de Guinée et le gouvernement tournent autour des questions judiciaires.
‘’Il y a le cas particulier des militants de la société civile qui sont interpellés et qui sont en détention préventive depuis un certain temps. Il serait bon que la justice diligente pour situer les responsabilités. Ceux qui sont en prévention préventive pour des faits de manifestations doivent être jugés le plus rapidement possible’’, précise-t-il.
‘’L’autre aspect lié au point d’achoppement, ce sont les conséquences des décisions de la CRIEF. De ce point de vue, c’est extrêmement difficile d’interférer dans une procédure judiciaire lorsque celle-ci ne fait que commencer (…). C’était difficile qu’il y ait une médiation. Ce qui était sollicité, c’est qu’il y ait de part et d’autre une capacité d’écoute, de mettre en avant les intérêts nationaux pour aller dans le sens de l’apaisement’’, ajoute-t-il.
Le président de l’UDRG estime que la reprise des manifestations annoncées par les Forces vives de Guinée n’est pas favorable dans le contexte actuel de notre pays.
‘’Si on était dans un pays relativement moins violent où une manifestation peut se faire sans que ça n’interfère sur l’intérêt des uns et des autres, sur la sécurité physique des personnes, alors personne ne se hasarderait à dire aux uns et aux autres d’aller dans le sens de l’apaisement. On aurait laissé libre cours aux libertés publiques d’agir’’, assure M. Bah.
‘’Dans le contexte où tout peut dégénérer en une violence que personne ne pourra contrôler, il faut faire preuve, pour des acteurs publics, de la responsabilité, une capacité de retenue. C’est cela qui est demandé aux uns et aux autres. Cela ne veut pas dire que leurs revendications peuvent être mises dans des territoires. Mais il faut trouver d’autres moyens d’actions, mais mettre en avant l’intérêt du pays, une capacité de résilience pour poser effectivement les problèmes’’, conclut-il.
Pathé BAH, pour VisionGuinee.Info
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