Le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) a animé la semaine dernière une conférence à Sciences Po de Paris. Cellou Dalein Diallo a mis l’occasion à profit pour évoquer les raisons de son refus de répondre à la convocation de la CRIEF dans l’affaire Air Guinée.
L’ancien Premier ministre assure que ‘’je n’ai pas confiance à la justice. L’affaire de mon logement de Dixinn est une illustration parfaite. C’est deux chambres, un salon dans un quartier populaire. J’ai acheté après une évaluation indépendante au prix du marché. J’ai contracté un prêt auprès de la Société Générale qui a émis un chèque de banque, qui a mis l’hypothèque avec un échéancier que j’ai remboursé régulièrement’’.
Dalein révèle que ‘’lorsque Dadis est venu au pouvoir, il a affecté le logement à Mathurin Bangoura. Il ne savait que la maison a été achetée. Lorsqu’il a reçu les papiers, il m’a appelé pour s’excuser. Quand Alpha Condé est venu, on lui a dit que j’occupe un bâtiment de l’Etat. Lorsqu’il a vu les papiers, il m’a dit : ‘les gens voulaient que je prenne ta maison, mais je n’aime pas les règlements de comptes. J’ai vu que tout est en règle’. Je n’ai pas eu le temps de m’expliquer avec le CNRD. J’ai reçu une lettre me demandant de quitter’’.
Par la suite, explique-t-il, ‘’j’ai consulté mes avocats, ils m’ont dit que la première chose à faire, c’est de saisir le juge des référés pour qu’il mette fin à l’ordre d’expulsion. J’ai reçu la lettre du patrimoine bâti le 14 février, me demandait de vider la maison avant le 28 février à 10h. Je suis surpris d’une lettre du patrimoine bâti qui a enchainé le chèque de banque, délivré la quittance libératoire, écrit à la conservation foncière pour demander de faire la mutation. Le juge des référés s’est déclaré incompétent alors qu’on ne lui avait demandé que de sursoir à l’effet de la lettre jusqu’à ce que le problème de fond soit examiné. Je me suis concerté avec Sidya Touré et on s’est dit qu’il faut sortir. Parce qu’il y avait tellement de campagne d’intimidation, de volonté de nous humilier. On a quitté’’.
Malgré tout, souligne l’ancien Premier ministre, ‘’on a saisi le tribunal sur le fond avec le titre foncier, le décret du président de la République autorisant la vente au prix du marché, le rapport d’évaluation. La justice a saisi l’agent judiciaire de l’Etat qui a mis en place un pool d’avocats. Ces avocats ont écrit au tribunal pour demander de surseoir à l’instruction le temps pour eux de prendre connaissance du dossier. Quelques jours après, ils ont démoli systématiquement la maison. Jusqu’à présent, il n’y a pas de décision. Ils ont tracé un bâtiment, travaillé nuit et jour pour construire un R+3 dire que c’est une école qu’on inaugurée avec faste’’.
‘’Le dossier est suspendu jusqu’à présent à la justice. Cette justice, je ne peux pas dire que j’ai peur, mais je n’ai pas confiance. C’est le même CNRD qui se plaint contre l’affaire Air Guinée, un dossier vieux de 20 ans. C’est le ministre de l’économie et des finances qui est chargé des privatisations. Il a mis en place une commission dont les membres existent. Il n’y a aucun cadre qui relevait de moi. Ils ont liquidé l’entreprise, mis en place un plan social pour régler les travailleurs, fait l’inventaire des actifs cessibles, négocié les prix avec le preneur sans la participation d’aucun cadre des transport. J’ai été le premier ou le seul à être convoqué’’, martèle-t-il.
S’il hésite jusque-là à répondre à la convocation de la CRIEF, ‘’c’est parce que je cherche à m’assurer que le droit sera dit et je n’ai aucune raison de m’exiler définitivement. Le comportement des autorités dans l’affaire de la maison suscite chez moi des interrogations’’.
Il dit à qui veut l’entendre que ‘’le délai de prescription de cette affaire est dépassé. Le président a pris une ordonnance pour dire qu’il n’y a plus de prescription pour les infractions économiques alors que l’affaire Air Guinée a plus de 20 ans’’.
Abdoulaye Bella DIALLO, pour VisionGuinee.Info
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