Transition de 24 mois en Guinée, Aliou Bah sceptique : ‘’la junte veut jouer un gros coup pour gagner du temps’’


Le président du Mouvement démocratique libéral (MoDeL) est loin d’être rassuré par l’accord conclu, vendredi 21 octobre, entre la junte et la mission de la CEDEAO pour une transition de 24 mois. Aliou Bah estime que le CNRD a un agenda caché.

Derrière cet accord obtenu entre les autorités de la transition et la CEDEAO, Aliou n’est y voit des intentions inavouées.

‘’Ma perception est que la junte veut jouer un gros coup pour gagner du temps, éviter momentanément les sanctions, et bénéficier du soutien éventuel de l’opinion publique nationale et internationale’’, estime-t-il.

Le président du MoDeL estime que la stratégie du CNRD est d’obtenir un ‘’accord avec la CEDEAO portant sur le délai sur la base d’une expertise technique de celle-ci. En si peu de temps, il est même raisonnable d’émettre des doutes sur l’évaluation profonde qui a été faite’’.

Il prédit que la junte va au fil du temps ‘’torpiller le processus par des manœuvres dilatoires pour prouver que le délai obtenu dans l’accord n’était pas réaliste. Elle pourra ainsi engager la responsabilité de la CEDEAO sur un éventuel rallongement de la transition. Pour la simple raison qu’elle pourra dire que la CEDEAO lui a tordu le bras avec la compression de l’exécution de son chronogramme initial’’.

Aliou Bah affirme que ‘’la junte cherchera à isoler la classe politique et les organisations de la société civile qui ne sont pas à sa dévotion. Ceci pour éviter de discuter du sort des prisonniers et exilés politiques, de l’interdiction illégale de l’exercice des libertés collectives, et toutes les autres formes de violence, restrictions et menaces sur les droits des citoyens. Ainsi, le bras de fer risque de continuer et la junte trouvera un bouc émissaire pour cacher ses propres manœuvres’’.

Aliou Bah pense que la CEDEAO aurait dû faire renoncer au CNRD la réalisation du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) et le Recensement à vocation d’état civil (RAVEC).

‘’Ces deux opérations n’ont été choisies que pour alourdir les tâches et ambitions de la transition afin de justifier le temps nécessaire à leur mise en œuvre. Sinon, il a été suffisamment démontré que pour un fichier électoral crédible, elles n’étaient ni indispensables ni conformes aux exigences standards en la matière’’, assure-t-il.

Il ajoute l’organisation sous-régionale devrait ‘’exiger des autorités de transition la tenue d’un dialogue inclusif qui allait accoucher d’un chronogramme réaliste et consensuel. Ceci pour adopter des opérations nécessaires et réalisables pour un retour à l’ordre constitutionnel dans la durée convenue, et avec de meilleures garanties d’applicabilité’’.

Pathé BAH, pour VisionGuinee.Info

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