Pour son silence dans le débat sur le 3e mandat d’Alpha Condé, Hadja Rabiatou révèle : ‘’il y a un leader politique qui m’a harcelée…’’


L’ancienne syndicaliste et présidente du Conseil économique et social, Hadja Rabiatou Sérah Diallo a essuyé des critiques acerbes pour son silence dans le débat sur le troisième mandat d’Alpha Condé.

La semaine dernière, au cours d’une présentation de son ouvrage «Les non-dits et les non-sus», Hadja Rabiatou Sérah Diallo a brisé le silence pour donner sa version des faits.  Extraits…

‘’J’ai passé des moments difficiles, vous ne pouvez pas l’imaginer. Sur les réseaux sociaux ou sur le plan national ou ailleurs où certaines personnes qui m’ont connue en 2007, pour eux, ils ne me reconnaissaient plus parce que je ne parle pas et on ne me voit pas sur le terrain. Chacun spéculait à sa façon. Mais il y avait des contraintes que tout le monde ne savait pas. Certains pensent que j’étais dans le beurre. Il y a même un opérateur économique qui était venu à mon bureau juste pour me dire : ‘comme tu as beaucoup à manger, il faut manger et tu te tais’. J’ai souri parce que ce n’était pas le cas.

Au Conseil économique et social, je n’avais même pas une bicyclette. Quand la junte a pris le pouvoir, on m’a demandé de rendre le véhicule, j’ai dit que je n’en ai pas. Je leur ai dit je n’ai pas non plus de logement à rendre. Les gens ne savent pas comment on évolue.

Quand le Groupe de contact national est venu pour s’enquérir sur le troisième mandat, le Conseil économique ne s’est pas déterminé. Je ne pouvais pas parler au nom des autres parce que chacun est venu d’horizons divers et chacun devait retourner vers sa base.

Ce jour-là, j’ai dit à la primature que je préfère le dialogue. Mais ce que les gens ne savent pas, c’est que chacun peut se mettre un peu à ma place. J’ai été présidente du CNT en 2010. Comment un membre du CNT à l’époque peut se dédire ? Mais moi en tant que premier responsable, je ne pouvais pas me dédire (…). J’ai gardé mon silence qui m’a couté très cher à tel point que j’ai eu des enfants sanctionnés au sein de l’administration sans raison. A l’époque, je suis allé voir le président pour lui dire : ‘J’ai fauté, sanctionnez-moi, mais laissez mes enfants. Ce sont des orphelins, ils n’ont rien fait’. Même dans les services, je vois des chefs qui étaient peinés, gênés de cette situation…Mais on pensait qu’il fallait me punir.

J’ai préféré me taire parce qu’on est imam s’il y a des fidèles derrière. Je gère une institution républicaine qui n’est pas comme une centrale syndicale où on peut mobiliser, descendre dans la rue (…). Quand on conseille quelqu’un, on ne peut pas mettre cela à la place publique.  Et la loi dit que c’est après un an qu’on peut dire le contenu d’un rapport. Comment est-ce que je pouvais me prêter aux medias ou aller à la place publique pour parler ? Mais les gens ne comprenaient pas, mais je n’en veux à personne. L’ouvrage « Les non-dits et les non-su » relate le contexte de mon silence. Aussi, je ne voulais pas amener de polémiques à la place publique pour davantage approfondir la division.

C’est avant le coup d’Etat que j’ai décidé de ne pas me taire. Pourquoi ? Parce que je me suis dit que la mort ne prévient pas. Aujourd’hui, je suis malade, tout le monde ne le sait pas. Même le jour où on nous a appelés au palais, j’ai forcé la situation pour y être, je ne pouvais pas marcher. Les gens m’ont vu avec la canne. Mais je me suis dit qu’il fallait que je sois là en tant que premier responsable du Conseil économique et social (…). Ce livre était déjà dans le laboratoire. Cette situation a trouvé que j’avais déjà l’intention d’expliquer ce qui s’est passé.

Il y a un leader politique qui m’a harcelée pour démissionner mais il ne sait pas que je ne suis pas nommée à ce poste. J’ai été élue. Je ne veux pas décevoir mes collègues. Sur le  plan international, j’ai été élue. Ce n’est pas la Guinée seulement qui a voté pour moi’’.

Par Boussouriou Doumba,  pour VisionGuinee.Info

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