L’ambition d’une intégration régionale plus forte reste au cœur de l’agenda ouest-africain. Le Parlement de la CEDEAO a lancé mardi à Lomé la deuxième réunion délocalisée de sa Commission mixte (Infrastructures ; Agriculture, Environnement et Ressources naturelles ; Énergie et Mines). Une session cruciale qui s’attaque à l’un des principaux freins à l’intégration régionale : le transport aérien hors de prix entre pays ouest-africains.
La réunion délocalisée a été ouverte par Mémounatou Ibrahima, présidente du Parlement de la CEDEAO, en présence du ministre togolais en charge des institutions de la République, du 4ᵉ vice-président de l’Assemblée nationale du Togo, Ayao Dzreke, ainsi que du commissaire en charge de l’Infrastructure, de l’Énergie et de la Numérisation de la Commission de la CEDEAO.
Elle porte sur un thème aussi stratégique que sensible : « Le transport aérien comme moyen d’intégration des peuples ouest-africains : stratégie de réduction des coûts des billets d’avion. »
Un frein majeur à la libre circulation dans la CEDEAO
Le choix du thème de cette session ne doit rien au hasard. Dans un espace communautaire de plus de 400 millions d’habitants, la libre circulation des personnes reste encore largement théorique, en grande partie à cause du coût prohibitif des billets d’avion entre les pays membres.
« En réalité, il n’y a point de libre circulation sans facilitation des transports. Et au titre des facilitations, figurent en très bonne place les coûts », a déclaré Mémounatou Ibrahima dans son discours d’ouverture, appelant à une approche régionale plus cohérente sur la question.
Elle a pointé du doigt les multiples redevances qui plombent les tarifs aériens : taxes sur les billets, redevances d’atterrissage, frais de sécurité, charges commerciales aéroportuaires, parfois non liées directement à l’aviation. Si ces recettes contribuent aux budgets nationaux, elles constituent aussi, selon elle, un véritable frein à la mobilité et au développement de secteurs clés comme le tourisme, l’un des « vecteurs majeurs de croissance ».
Une situation paradoxale
Prenant la parole au nom du Parlement togolais, Ayao Dzreke a dénoncé un « paradoxe » régional : « Alors que notre espace dispose d’un fort potentiel économique et démographique, la connectivité aérienne reste l’un des maillons faibles de notre intégration. Cela met en péril nos efforts collectifs en matière de cohésion économique, sociale et humaine. »
Les parlementaires ouest-africains, eux-mêmes usagers réguliers du transport aérien, affirment ressentir au quotidien le gouffre tarifaire entre l’Afrique de l’Ouest et d’autres régions du monde à distance comparable. L’heure est venue, selon eux, d’en analyser les causes profondes et de formuler des solutions concrètes.
La réunion de Lomé s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Vision 2050 de la CEDEAO, notamment son troisième pilier, axé sur l’intégration économique et l’interconnectivité régionale. L’objectif : identifier des mécanismes de régulation et d’harmonisation, en lien avec les États membres et les institutions spécialisées, pour favoriser un ciel ouest-africain plus accessible et compétitif.
À l’issue des travaux, des recommandations fortes sont attendues. Elles devront baliser la voie vers un cadre juridique, fiscal et logistique plus favorable à un transport aérien intra-régional efficace, inclusif et durable.