CEDEAO : la BIDC muscle sa stratégie de financement du développement régional


La 23e session ordinaire du Conseil des gouverneurs de la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) s’est tenu le 14 avril à Banjul (Gambie). La rencontre affiche des indicateurs solides et ouvre une nouvelle séquence sous le signe de l’innovation financière et du soutien accru aux États membres.

L’événement, présidé par Seedy K. M. Keita, ministre gambien des Finances et des Affaires économiques, a rassemblé les ministres en charge des finances et du plan des 15 États membres de la CEDEAO. Les grands dossiers de gouvernance et de performance de la principale institution financière communautaire de la région étaient au cœur des travaux.

La session marquait la fin du mandat du président sortant du Conseil des Gouverneurs, et l’élection de Dr Cassiel Ato Baah Forson, ministre des Finances du Ghana, comme nouveau président. Elle a également été honorée par la présence du vice-président de la République de Gambie, Muhammed B. S. Jallow, représentant le président Adama Barrow, preuve de l’importance stratégique accordée à la BIDC dans les politiques publiques nationales.

Une institution régionale en pleine croissance

A l’occasion, le président de la Banque, Dr George Agyekum Donkor, n’a pas manqué de souligner la dynamique positive qui anime l’institution. En 2024, le portefeuille de prêts de la BIDC a doublé, tout comme la taille de son bilan. Les bénéfices ont progressé de 12,86 % par rapport à l’exercice précédent, grâce à une combinaison de facteurs : hausse des décaissements, ciblage plus précis des investissements, et meilleure mobilisation des ressources sur les marchés régionaux et internationaux.

« Cette croissance témoigne non seulement de la solidité de notre modèle, mais aussi de la pertinence de nos choix stratégiques dans un contexte où les besoins en financement des États sont de plus en plus complexes », a souligné Dr Donkor.

Une trajectoire qui renforce la place de la BIDC comme acteur clé de l’architecture financière ouest-africaine, aux côtés de la BOAD et des institutions multilatérales de développement.

L’appel à des solutions financières innovantes

Saluant les performances de la Banque, le vice-président gambien a appelé à un renforcement des instruments de financement novateurs, en particulier ceux ne grevant pas les niveaux d’endettement déjà élevés des pays membres. Il a plaidé pour le développement de mécanismes hors bilan, plus flexibles et transparents, ainsi que pour des lignes de financement dédiées au secteur privé, notamment les importateurs régionaux, trop souvent oubliés des grands dispositifs de soutien.

Ce message fait écho aux défis structurels auxquels font face les économies de la CEDEAO : forte dépendance aux financements extérieurs, faible diversification des sources de revenus, et besoin criant d’un tissu entrepreneurial plus robuste. La BIDC, en tant qu’outil régional, se voit donc poussée à accélérer sa transformation vers une banque de développement moderne, agile et connectée aux réalités locales.

Un coup de pouce à la sécurité alimentaire en Gambie

En marge de la réunion, la BIDC a signé un prêt de 10 millions de dollars en faveur du gouvernement gambien. Ces fonds sont destinés à soutenir la deuxième phase du Programme national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire et nutritionnelle (GNAIP II-FNS), via la « National Food Security Processing and Marketing Corporation ». Un appui ciblé qui vise à renforcer les capacités locales de transformation, de stockage et de commercialisation des produits agricoles.

Cette opération illustre la stratégie sectorielle de la Banque, qui continue de faire de l’agriculture, des infrastructures, des technologies et du transport ses principaux axes d’intervention, afin de stimuler une croissance inclusive, génératrice d’emplois et de valeur ajoutée. L’accent est aussi mis sur l’impact social des projets, avec une attention particulière portée aux populations les plus vulnérables.