
Le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) affiche son ambition de retrouver sa place dans le débat national.
Dans une interview accordée à Republicoftogo.com, son président Yao Date livre une analyse critique de la situation politique du pays et appelle à une refondation du dialogue démocratique.
Au cœur de la vision du CAR, la cogestion, un concept hérité du fondateur du parti, Me Yawovi Agboyibo. Il s’agit, selon Yao Date, d’une gouvernance partagée entre pouvoir et opposition, basée sur l’idée que l’adversaire politique n’est pas un ennemi mais un partenaire dans la gestion de la nation.
« Il faut que toutes les sensibilités politiques se mettent ensemble pour gouverner le pays, afin que toutes les composantes de la population se retrouvent dans les décisions prises », explique-t-il, tout en dénonçant les critiques de ceux qui caricaturent cette approche comme une quête de privilèges.
Interrogé sur la mise en œuvre de la Ve République, Yao Date reste réservé. Selon lui, le cadre institutionnel reste incomplet, et cela reflète un malaise profond.
« Ceux qui ont mis en place la Ve République savent que cela pose problème. Il faut un vrai dialogue entre acteurs politiques pour construire une solution durable à la crise que traverse le pays. »
Il souligne que les réseaux sociaux témoignent d’un ras-le-bol populaire qui ne peut être ignoré.
Sur la place du CAR dans l’opposition, Yao Date revendique une ligne autonome et constructive. Le parti entretient de bonnes relations avec les autres formations, mais refuse d’être un simple relais politique pour d’autres.
« Le CAR a toujours été un parti de propositions. Nous ne serons jamais à la botte d’un autre parti », insiste-t-il.
Il rappelle que Me Agboyibo a longtemps été incompris pour ses appels au dialogue et à la modération, des positions aujourd’hui reprises par ceux qui les rejetaient auparavant.
Yao Date se montre très critique sur le processus électoral qu’il considère vidé de son essence.
« Les élections sont devenues de simples formalités. Les résultats ne reflètent plus la volonté exprimée dans les urnes. C’est très dangereux pour notre démocratie. »
Dans un message adressé à toute la classe politique, le président du CAR appelle à une prise de conscience nationale.
« Nous avons tous, pouvoir comme opposition, commis des erreurs. Il faut qu’on se regarde en face et qu’on corrige ensemble ce qui ne va pas. »
Il regrette que le Togo, autrefois en avance sur le plan démocratique, ait aujourd’hui accumulé du retard par rapport à ses voisins de la sous-région.
« Il est temps de se mettre au travail. Ensemble. »
