Lomé accueille les 8 et 9 juillet, la 2ᵉ Grande Rencontre des Compliance Officers




(Togo First) – Pour la deuxième année consécutive, la capitale togolaise accueille les 8 et 9 juillet, les experts africains de la conformité et de la lutte contre le blanchiment de capitaux. Organisée par l’Association togolaise des Compliance Officers (ATCO), la GRCRO réunit non seulement une constellation d’acteurs de la finance, de régulateurs, d’avocats d’affaires, d’auditeurs, mais aussi de représentants de la société civile — soit plus de 500 experts. Objectif : dresser un état des lieux des dispositifs LBC/FT en Afrique et débattre des défis liés à la lutte contre le blanchiment d’argent, au financement du terrorisme, aux évolutions technologiques et à la résilience des systèmes financiers africains, à l’heure où les exigences du GAFI (Groupe d’action financière) se durcissent.

En juin 2025, douze pays du continent figuraient encore sur la « liste grise » du Groupe d’action financière (GAFI), synonyme de surveillance renforcée pour des lacunes jugées stratégiques dans la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Parmi eux, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, mais aussi l’Afrique du Sud, la République démocratique du Congo, l’Algérie, l’Angola, le Mozambique, la Namibie, le Soudan du Sud ou encore le Cameroun.

Si certains pays, comme le Mali, ont récemment été retirés de cette liste après des réformes significatives, la majorité des juridictions concernées doivent encore corriger des failles systémiques : coordination institutionnelle insuffisante, absence de sanctions financières ciblées, dispositifs de contrôle inachevés, ou encore supervision non effective des secteurs à risque.

Au-delà des pays officiellement listés, d’autres États africains restent exposés à des vulnérabilités structurelles. Les évaluations régulières menées par les organismes régionaux affiliés au GAFI — le GIABA pour l’Afrique de l’Ouest, le GABAC pour l’Afrique centrale, et l’ESAAMLG pour l’Afrique australe — pointent une réalité : sur le continent, la conformité est encore souvent perçue comme un exercice formel, alors qu’elle conditionne désormais l’accès aux financements internationaux et la crédibilité des marchés.

Le GRCRO, au-delà de son rôle de plateforme de dialogue, illustre une volonté de transformation structurelle. « Nous ne pouvons plus nous contenter d’une conformité formelle. La transparence doit devenir un réflexe partagé dans toute la chaîne financière », plaide un cadre d’une banque régionale.

« L’enjeu de la GRCRO n’est pas seulement de pointer les insuffisances, mais de confronter les pratiques, de faire circuler les expériences, et de nourrir une dynamique régionale plus cohérente en matière de conformité », souligne Me Nikada Batchoudi, président de l’ATCO et promoteur de la GRCRO.

Les débats de cette édition 2025 porteront sur les sujets les plus sensibles : inscription sur la liste grise, coopération régionale, signaux d’alerte en matière de blanchiment, mais aussi cartographie des risques et nouvelles technologies. Parmi les intervenants attendus : Edoh Kossi Amenounve (DG de la BRVM), Kimélabalou Aba (HAPLUCIA), ou encore Geert Delrue (Belgique), spécialiste des typologies de blanchiment en zones émergentes. À leurs côtés, interviendront également Marilyn Marchal, consultante internationale en conformité basée à Monaco, Odjouloré Akakpo, responsable d’Interpol Lomé, Christophe Porcell, formateur AML/CFT en France, ou encore Oussama Ghazi, fondateur du cabinet Epitome Advisory au Maroc. Le panel réunira aussi Akodah Ayewouadan, ex-ministre et juriste togolais, Karima Sioud, Compliance Officer à Luxembourg, et Mustapha Bouzizoua, formateur international. La diversité des profils — entre praticiens de terrain, experts institutionnels et acteurs de la régulation — confirme la vocation régionale et opérationnelle de la rencontre, vantent les organisateurs.