L’opposition face à ses contradictions



À l’approche des élections municipales, les critiques de l’opposition reprennent un refrain bien connu : celui de la fraude électorale à venir.

Jean Kissi, ancien secrétaire général du CAR, sort du silence pour réclamer une refonte totale de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qu’il juge dépassée, partiale et inefficace.

Selon lui, il est temps d’en finir avec une CENI politique qui ne rassure personne et de passer à une structure technique, indépendante et crédible. « On ne peut pas continuer comme ça. C’est la même mascarade à chaque fois », déplore-t-il. Il propose une solution intermédiaire : une CENI semi-technique, mêlant politiques et experts internationaux, pour tester une nouvelle approche.

Mais au-delà des discours, une question s’impose : l’opposition veut-elle vraiment changer les choses ou simplement occuper l’espace médiatique à chaque cycle électoral ? Car si les critiques sont parfois justifiées, elles tombent dans un vide stratégique.

À force de dénoncer sans proposer de solutions concertées, une partie de l’opposition donne l’impression d’être prisonnière d’un schéma : celui de la plainte permanente. On crie au loup, on dénonce la fraude, puis on participe malgré tout, sans jamais tirer de véritables leçons ni engager une pression politique sérieuse pour une réforme en profondeur.

Jean Kissi rappelle que la proposition d’une CENI technique remonte à Me Agboyibo. Cela fait donc des années que le sujet est sur la table, sans avancée notable. Pourquoi ? Parce qu’il manque une volonté commune, y compris au sein de l’opposition, pour imposer ce changement.

En attendant, les élections arrivent. Et le scénario semble déjà écrit : protestations, frustrations, participation à reculons… puis un appel à la mobilisation citoyenne dans l’espoir d’un sursaut électoral. Mais sans réformes concrètes, c’est toujours le même film – et le public commence à se lasser.