Neutralité carbone : l’industrie cimentière togolaise trace sa feuille de route 2050


L’industrie du ciment au Togo entame une transformation. Une feuille de route nationale pour la neutralité carbone à l’horizon 2050 a été officiellement présentée lundi à Lomé aux acteurs de la filière. Le document, élaboré avec l’appui d’un consortium international, marque une étape clé dans l’alignement du secteur cimentier sur les engagements climatiques du Togo au titre de l’Accord de Paris.

Le projet bénéficie du financement de la Global Cement and Concrete Association (GCCA), avec le concours du fonds climatiques internationaux mobilisés par l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). L’initiative a également reçu le soutien des Nations Unies, via le Climate Technology Centre and Network (CTCN), facilitée par les National Designated Entities (NDE) en lien avec les autorités togolaises.

L’élaboration technique du plan a été confiée à Cementis International, société de conseil spécialisée dans la décarbonation du secteur cimentier, en s’appuyant sur la méthodologie développée par la GCCA au niveau mondial.

« L’industrie cimentière qui a été souvent critiquée pour ses émissions est une des rares industries qui, par ses mesures d’atténuations qui ont été présentées peut réduire jusqu’à 0, ses émissions de CO2. Ce qui est important aussi c’est qu’aujourd’hui, le ciment est donc à illusoire à ce stade de penser qu’il puisse être remplacé. Il est donc important de concentrer tous nos efforts pour la réduction des émissions de CO2 de l’industrie cimentière au niveau mondial. Après l’initiative de présenter ce document qui réduit les émissions de l’industrie à 0 en 2050, nous pensons maintenant pouvoir arriver à ce même résultat, cette fois-ci pays par pays », a expliqué Laurent Grimmeissen, associé principal du cabinet Cementis.

De la neutralité carbone…

La feuille de route pour la neutralité carbone repose sur deux piliers techniques. En premier lieu, la réduction du facteur clinker, principal responsable des émissions. L’adoption à grande échelle du ciment LC3 (Limestone Calcined Clay Cement), composé en partie d’argile calcinée, pourrait réduire de 40 % les émissions de CO₂ sans altérer la performance du ciment. L’objectif est de faire baisser la teneur en clinker de 65 % aujourd’hui à 40 % d’ici 2050, sous réserve d’une évolution des normes nationales.

En second lieu, l’utilisation de combustibles alternatifs, notamment issus de déchets municipaux ou agricoles, pour remplacer le charbon. En Europe, jusqu’à 90 % de substitution thermique est déjà atteint. Le Togo entend s’inspirer de ces modèles.

Les industriels togolais dans le secteur du ciment ont salué l’initiative. « Il s’agit d’un outil fondamental pour atteindre la décarbonation. Nous adhérons pleinement à cette feuille de route », a déclaré Emmanuela Kpetigo, responsable RSE/ESG chez Heidelberg Materials Togo.

Le gouvernement a également exprimé son engagement aux côtés du secteur privé. « Les cimentiers ont pris conscience de l’impact environnemental de leur secteur. L’État les accompagnera à travers des réformes réglementaires, des orientations technologiques et des mécanismes de financement public-privé », a indiqué Mery Yaou, directrice de l’environnement au ministère en charge.

La publication de ce document stratégique marque le début d’un processus. Des ateliers de formation, des sessions de partage de connaissances et une collaboration renforcée entre acteurs publics et privés sont prévus pour traduire ces ambitions en actions concrètes.

Notons qu’en 2023, les émissions de CO₂ liées à la production de ciment au Togo pour la consommation locale s’élevaient à environ 0,9 million de tonnes. Sans mesures correctives, ce chiffre pourrait doubler d’ici 2050, sous l’effet de la demande croissante en infrastructures.