Nikada Batchoudi (GRCRO) : « le Togo n’est pas un Etat passif face aux enjeux de conformité »




Agence Ecofin : Le Togo a accueilli début juillet la Grande Rencontre des Compliance et Risk Officers (GRCRO). Au-delà de la visibilité, quelle est l’ambition de fond derrière un tel événement ? 

Nikada Batchoudi : Ce que nous construisons va bien au-delà d’un simple forum. C’est un véritable instrument d’architecture institutionnelle régionale. A l’échelle du continent, il n’existait jusqu’ici aucun événement entièrement dédié à la conformité, à la gestion des risques, et à la lutte contre les flux financiers illicites. Même en Europe, très peu de rencontres réunissent autant d’acteurs publics, de régulateurs, de banques, de fintech, de cabinets d’audit et d’organismes internationaux autour de ces enjeux. 

L’ambition du Togo, à travers la GRCRO, est claire : s’imposer comme un centre de gravité de la gouvernance financière en Afrique de l’Ouest. En accueillant près de 600 experts issus de 42 nationalités – des CRF (Cellule de renseignement financier) aux banques centrales, en passant par les autorités de régulation, et des partenaires technologiques – nous affirmons une volonté de leadership. 

La tenue d’un tel rendez-vous à Lomé envoie un signal de stabilité, de maturité réglementaire et de vision stratégique. Pour les investisseurs et les bailleurs internationaux, cela crédibilise notre trajectoire. Cela démontre que le Togo n’est pas un Etat passif ou réactif face aux enjeux de conformité, mais qu’il est capable de construire un narratif souverain, de structurer un

écosystème et de fédérer les parties prenantes. C’est aussi une façon de dire que la compliance n’est pas un luxe réservé aux économies matures, mais une composante essentielle de la compétitivité des économies africaines. 

En organisant cette plateforme de haut niveau, le Togo ne nie pas les défis, il les assume. Mieux : il crée un espace souverain pour les affronter collectivement. C’est cette posture proactive qui compte. 

AE : Pourtant, le GIABA a récemment pointé certaines lacunes dans le dispositif togolais. N’est-ce pas contradictoire ? 

NB : Il faut être lucide : aucun pays, pas même les plus avancés, n’atteint un « 20 sur 20 » en matière de conformité. La conformité n’est pas un état figé, c’est un processus continu, dynamique, qui évolue avec les menaces, les pratiques, et les exigences internationales. Ce que le rapport du GIABA souligne, ce ne sont pas des défaillances structurelles, mais des points d’attention dans un chantier en cours. Il s’agit parfois de dispositifs encore jeunes, de ressources humaines à renforcer, ou de coordination interinstitutionnelle à améliorer. 

Il ne faut pas oublier que le GIABA lui-même joue un rôle d’accompagnement. Le diagnostic n’est pas une condamnation, c’est un outil de pilotage pour les Etats. Et à ce titre, la Grande rencontre est une réponse opérationnelle directe : elle permet de renforcer les capacités des acteurs, de stimuler la coopération régionale, de partager des retours d’expérience, et d’accélérer l’appropriation des normes. 

En organisant cette plateforme de haut niveau, le Togo ne nie pas les défis, il les assume. Mieux : il crée un espace souverain pour les affronter collectivement. C’est cette posture proactive qui compte. Parce qu’en matière de lutte contre les flux illicites, ceux qui avancent sont ceux qui se confrontent à la réalité, pas ceux qui prétendent avoir déjà tout résolu. 

AE : Concrètement, que permet cette rencontre aux participants, sur les plans technique et réglementaire ? 

NB : La formation est au cœur du projet, mais pas une formation abstraite ou académique. Il s’agit de renforcer les compétences opérationnelles des acteurs de la compliance, à tous les niveaux – institutions financières, autorités de supervision, unités de renseignement financier, acteurs non étatiques. Nos réglementations régionales, notamment dans l’espace UEMOA, imposent désormais une mise à jour annuelle obligatoire des connaissances en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). Or, dans la pratique, peu de pays disposent d’un dispositif pérenne, harmonisé et interprofessionnel pour répondre à cette exigence.

La GRCRO vient combler ce vide. Elle propose un cadre de formation hybride : à la fois des panels stratégiques pour faire dialoguer ministres, régulateurs et bailleurs de fonds, et des ateliers techniques conçus comme de véritables laboratoires d’expériences. Cette année, nous avons mobilisé une vingtaine d’intervenants internationaux – juristes, régulateurs, techniciens, éditeurs de logiciels – pour aborder des sujets très concrets : digitalisation des dispositifs AML, traitement des Suspicious Transaction Reports (STR), traçabilité des bénéficiaires effectifs, régulation des cryptoactifs, ou encore enjeux de conformité ESG. 

AE : Au-delà de l’événement, quels mécanismes sont envisagés pour pérenniser ce leadership régional pour Lomé ? 

NB : Ce que nous construisons repose sur des fondations politiques solides et une volonté institutionnelle affirmée. Cette année, le soutien direct du président du Conseil, Faure Gnassingbé n’est pas simplement symbolique : il ancre la GRCRO dans une perspective sous-régionale. Les institutions togolaises clés comme la CENTIF, la HAPLUCIA, le ministère de l’Économie et des Finances, ainsi que des partenaires comme le GIABA ou l’OIF, sont mobilisés dans une logique d’ancrage durable. 

Nous ne voulons pas d’un événement ponctuel à forte intensité médiatique mais à faible impact structurel. Ce que nous visons, c’est la création d’un écosystème institutionnel pérenne, avec des retombées directes sur la régulation, la supervision, la formation, et l’innovation technologique. Cela passe par la formalisation d’un centre d’expertise permanent basé à Lomé, qui abritera bientôt une plateforme de certification, un réseau de veille normative, et un appui technique aux États de la sous-région. C’est dans cet esprit que nous parlons d’institutionnaliser le leadership du Togo en matière de conformité et de gouvernance financière. 

Me Nikada Batchoudi saluant le ministre togolais de l’économie et des finances, à ses côtés, le président de la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA) et le patron du patronat togolais. 

Aujourd’hui, placer le Togo sur une liste grise du GAFI irait à l’encontre des efforts tangibles que nous déployons. Cela créerait une forme de dissonance entre les dynamiques à l’œuvre sur le terrain et la perception réglementaire extérieure. Ce serait ignorer que le Togo, en structurant cet espace de dialogue et de formation, contribue activement à la stabilité financière et sécuritaire de toute la sous-région. 

AE : Certains y voient aussi une vitrine, un outil de « branding » plus qu’un changement de fond… 

NB : L’image compte, bien sûr. Mais elle ne vaut que si elle repose sur des actes concrets, mesurables et durables. Le branding, dans sa forme la plus noble, consiste à donner de la visibilité à une dynamique réelle de transformation. Ce que nous construisons à Lomé n’est pas une simple vitrine, c’est une infrastructure de gouvernance, intellectuelle et technique. 

Le fait que Lomé devienne un point de convergence pour les experts du continent et au-delà, n’est pas le fruit du hasard. C’est le résultat d’un travail patient, stratégique, coordonné avec les autorités nationales, les institutions régionales, et les partenaires internationaux. Ce n’est pas un habillage institutionnel. C’est une ambition assumée de faire de la conformité un levier d’influence, un outil de crédibilité et un pilier de souveraineté. 

Aujourd’hui, placer le Togo sur une liste grise du GAFI irait à l’encontre des efforts tangibles que nous déployons. Cela créerait une forme de dissonance entre les dynamiques à l’œuvre sur l’espace de dialogue et de formation, contribue activement à la stabilité financière et sécuritaire de toute la sous-région. 

On a encore trop de cloisonnements entre administrations, entre Etats, entre secteurs. Pourtant, les flux illicites ne connaissent pas de frontières. 

AE : Si vous deviez dresser un état des lieux de la compliance en Afrique en 2025, quels seraient, selon vous, les principaux acquis, les faiblesses persistantes, et les défis à venir ? 

NB : En 2025, l’état des lieux de la compliance en Afrique est contrasté, mais incontestablement en progrès. Nous sortons d’une décennie où les standards internationaux ont été de plus en plus intégrés dans les législations africaines. Ce qu’on constate aujourd’hui, c’est que la plupart des Etats disposent d’un cadre normatif AML/CFT relativement solide, souvent aligné sur les 40 recommandations du GAFI. Ce seul fait représente une avancée considérable par rapport à la situation de 2010 ou 2015. 

L’un des acquis majeurs, c’est aussi la montée en puissance des structures régionales. Le GIABA pour l’Afrique de l’Ouest, l’ESAAMLG pour l’Afrique de l’Est et australe, le GABAC pour l’Afrique centrale, ou encore le MENAFATF pour le Maghreb jouent un rôle crucial. Ce sont eux qui pilotent les évaluations mutuelles, structurent les formations et accompagnent les réformes. Le GIABA, par exemple, a réalisé en juin 2025 une série d’ateliers à Lagos, axés sur la coopération entre les CRF, les institutions judiciaires et les acteurs non financiers. Ce sont des signaux positifs. 

Mais il ne faut pas se voiler la face : des faiblesses persistent. La plus critique, c’est ce que j’appelle le « fossé entre conformité formelle et efficacité réelle ». Beaucoup de pays affichent des lois, des circulaires, des procédures, mais dans la pratique, les sanctions sont rares, les enquêtes peu abouties, les flux illicites continuent de circuler. L’Afrique perd encore, selon les dernières estimations de la CEA et de la BAD, entre 80 et 90 milliards de dollars par an en flux financiers illicites – soit près de 4 % du PIB continental. Cela en dit long. 

Nous avons aussi un problème de capacités humaines. Trop d’acteurs – banquiers, régulateurs, policiers, magistrats – ne sont pas suffisamment formés aux enjeux techniques de la compliance. C’est l’un des angles morts du système. C’est justement ce que nous essayons de corriger avec des initiatives comme la GRCRO. 

Le troisième défi, c’est la coordination régionale. On a encore trop de cloisonnements entre administrations, entre États, entre secteurs. Pourtant, les flux illicites ne connaissent pas de frontières. Des outils existent, comme le groupe Egmont, ou le réseau RECEN-UEMOA, qui interconnecte les CENTIF des pays membres. Mais leur efficacité dépend de la volonté politique et de l’interopérabilité technologique. 

Puis il y a la question du futur : comment rendre tout cela pérenne ? Comment faire en sorte que la compliance devienne une culture, et non une obligation administrative ? Cela passe par l’innovation. Aujourd’hui, l’intelligence artificielle, la data science, les RegTech peuvent révolutionner la conformité. Mais encore faut-il que nos pays s’en dotent. Il faut investir, mutualiser, expérimenter. 

Enfin, je crois profondément que l’Afrique doit peser davantage dans les discussions normatives internationales. Nous ne pouvons plus nous contenter de subir des standards conçus ailleurs. Il faut que nos réalités soient prises en compte dans les forums techniques du GAFI, dans les discussions sur les cryptoactifs, sur la propriété effective, sur la régulation ESG. Cela passera par des coalitions africaines fortes, structurées, crédibles. 

Bref, il y a encore du chemin. Mais nous sommes passés du silence à la stratégie. C’est déjà une révolution. 

AE : La compliance est parfois réduite à la lutte contre le blanchiment. Est-ce une erreur ? 

NB : C’est une lecture trop réductrice, et elle est malheureusement fréquente. En réalité, la compliance recouvre un champ beaucoup plus vaste. Elle englobe le blanchiment de capitaux, certes, mais aussi le financement du terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive, les flux transfrontaliers illicites, la corruption, les conflits d’intérêts, le contournement des sanctions internationales, ou encore les obligations de gouvernance environnementale et sociale (ESG). 

Nous sommes passés d’une logique centrée sur les banques à un périmètre beaucoup plus large, où les entreprises, les ONG, les cryptoactifs, les marchés publics ou encore les chaînes logistiques sont également concernés. Ce sont des menaces systémiques, avec des ramifications économiques, politiques, sécuritaires, et même climatiques. Le blanchiment n’est pas qu’un sujet financier : c’est une porte d’entrée vers la criminalité organisée, la captation des institutions, et l’érosion de l’Etat de droit. La compliance, aujourd’hui, est une fonction centrale de la gouvernance publique et privée.

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AE : Comment expliquez-vous le décalage persistant entre conformité technique et efficacité réelle sur le terrain ? 

NB : Ce paradoxe, nous le constatons tous les jours sur le terrain. Sur le papier, nombre de pays africains ont transposé les recommandations du GAFI, mis en place des lois, des procédures, des autorités dédiées. Mais dans les faits, le dispositif reste souvent inopérant face à la complexité des flux illicites. 

Pourquoi ce décalage ? La première cause, c’est le déficit de compétences spécialisées. Les agents des banques, des cellules de renseignement, des douanes ou des juridictions financières manquent encore trop souvent de formation continue adaptée aux nouvelles menaces. Les formations restent théoriques, alors que la criminalité financière évolue sans cesse, en intégrant des outils numériques, des montages transfrontaliers, des acteurs hybrides. 

Deuxième frein : le manque d’interopérabilité des outils et des systèmes. Les CENTIF n’utilisent pas toutes les mêmes plateformes, les formats d’échange sont parfois incompatibles, et les temps de traitement restent longs. C’est précisément pour pallier ces failles que la création du RECEN-UEMOA, un réseau qui relie techniquement les CENTIF de la région et fluidifie les partages d’informations stratégiques est à saluer. 

Le troisième levier, c’est la technologie. Trop d’États continuent de traiter manuellement des déclarations de soupçon, ou disposent d’outils obsolètes pour la traçabilité des flux. À la GRCRO, nous avons fait le choix d’intégrer les éditeurs de solutions AML/CFT dans notre dispositif. L’idée, c’est d’exposer les acteurs africains à des technologies qui permettent d’automatiser l’analyse des transactions, de profiler les risques clients, ou encore de détecter des signaux faibles dans les mouvements de fonds. 

Enfin, il y a un facteur culturel : la compliance ne doit pas être réduite à une exigence documentaire. Elle doit devenir une pratique quotidienne, une discipline intégrée dans la gouvernance des institutions, des États, des entreprises. Et cela ne se décrète pas : cela se construit. C’est tout le sens du travail que nous menons. 

AE : Est-ce que les décideurs africains ont aujourd’hui pleinement intégré l’importance de la transparence dans l’attractivité économique ? 

NB : La conformité est encore trop souvent perçue comme une charge administrative ou une obligation imposée de l’extérieur. Or, c’est tout l’inverse : la transparence est un levier de compétitivité économique. Aujourd’hui, les investisseurs, les agences de notation, les bailleurs multilatéraux exigent des garanties sur la traçabilité des flux, l’intégrité des acteurs et la robustesse des institutions. Sans cela, il n’y a ni confiance, ni financement, ni croissance soutenable. 

Comme on le dit souvent dans nos cercles : « Si vous trouvez que la conformité coûte cher, essayez la non-conformité »Les sanctions financières, les ruptures de relations bancaires (de-risking), les pertes de notation souveraine ou encore la stigmatisation sur les marchés internationaux sont des signaux extrêmement pénalisants pour un pays. La conformité, bien comprise, n’est pas une contrainte : c’est un actif stratégique. Un pays qui investit dans la transparence investit dans sa crédibilité, sa résilience, et sa souveraineté économique. 

Notre ambition avec la Grande Rencontre, c’est justement de décoloniser la conversation réglementaire, en créant un espace où l’Afrique n’est plus seulement réceptrice de normes, mais force de proposition. 

AE : Justement, certaines critiques pointent le caractère trop « exogène » des standards du GAFI, parfois inadaptés aux réalités africaines. Quel est votre point de vue ? 

NB : Vous soulevez là une question essentielle. Depuis trop longtemps, les pays africains subissent un effet de cascade normative, où l’alignement aux standards du GAFI est souvent perçu comme une obligation rigide, déconnectée des réalités socio-économiques locales. La complexité des exigences, la lourdeur des dispositifs de « compliance », ou encore l’insuffisance de moyens humains et technologiques constituent des obstacles majeurs à leur mise en œuvre efficace. 

Notre ambition avec la Grande rencontre, c’est justement de décoloniser la conversation réglementaire, en créant un espace où l’Afrique n’est plus seulement réceptrice de normes, mais force de proposition. Nous ne rejetons pas les standards internationaux — ils sont nécessaires — mais nous plaidons pour leur contextualisation. Cela commence par une chose simple : inviter les experts internationaux à venir voir nos réalités sur le terrain. A Lomé, nous avons accueilli des représentants du GIABA, de la BCEAO, de cabinets de renom comme Mazars, EY, des éditeurs de solutions AML européens, marocains, tunisiens ou sud-africains. Ce déplacement, en soi, est un acte politique. Il amorce un rééquilibrage dans le dialogue normatif, un début de diplomatie technique. 

Car pour qu’une norme soit effective, elle doit être appropriée. Et pour qu’elle soit appropriée, elle doit être adaptée. Voilà tout le défi que nous portons. 

Isoler une banque africaine du système financier mondial pour un manque ponctuel de conformité, c’est parfois fragiliser tout un écosystème économique et social – PME, diaspora, commerce transfrontalier, financement des infrastructures. La compliance doit protéger les systèmes, pas les exclure. 

AE: Plusieurs grandes banques internationales ont récemment réduit ou rompu leurs relations de correspondance avec des institutions africaines, invoquant des risques accrus de non-conformité. Que répondez-vous à ceux qui estiment que l’Afrique est devenue un maillon faible du système financier mondial en matière de compliance ? 

NB : Je comprends cette perception, mais je la conteste. L’idée selon laquelle l’Afrique serait un maillon faible du système financier mondial est simpliste et profondément déséquilibrée. Ce que nous vivons actuellement relève moins d’un déficit réel de conformité que d’un excès de prudence, voire de frilosité, de la part de certaines institutions internationales face à un continent qu’elles connaissent mal, ou dont elles surestiment les risques. 

Il est vrai que plusieurs banques africaines ont vu leurs relations de correspondance restreintes ou rompues, notamment avec des établissements européens ou nord-américains. C’est ce qu’on appelle le . Mais ce phénomène n’est pas uniquement lié à des manquements en matière de conformité : il est souvent motivé par des arbitrages économiques ou réputationnels, parfois disproportionnés. Ce qui est en jeu, ce n’est pas tant la réalité du risque AML/CFT que le coût de la gestion de ce risque, et la capacité des contreparties africaines à produire une documentation conforme aux attentes souvent très élevées des grandes banques internationales. 

C’est pourquoi nous plaidons pour une approche plus équilibrée, basée sur le dialogue, la transparence et la coopération technique. L’Afrique n’est pas en retrait : elle est en mouvement. Des réformes sont en cours, des plateformes technologiques sont adoptées, des standards sont appliqués, des évaluations mutuelles sont menées. 

Ce que nous demandons, ce n’est pas une indulgence, c’est une reconnaissance équitable des efforts fournis, et un appui au renforcement des dispositifs encore fragiles. Car isoler une banque africaine du système financier mondial pour un manque ponctuel de conformité, c’est parfois fragiliser tout un écosystème économique et social – PME, diaspora, commerce transfrontalier, financement des infrastructures. La compliance doit protéger les systèmes, pas les exclure.