Pacôme Adjourouvi : ‘Le Togo utilisera toutes les voies légales contre les instigateurs de la violence’



Dans un contexte de tensions post-manifestations à Lomé et à l’approche des élections municipales, le gouvernement multiplie les mises en garde contre les appels à la violence lancés depuis l’étranger. 

Mandats d’arrêt internationaux, sécurité intérieure, internet, droits de l’homme : Pacôme Adjourouvi, ministre délégué chargé des Droits de l’homme, fait le point sans détour dans un entretien accordé à Republicoftogo.com. Il défend la fermeté des autorités, justifie les décisions prises et répond aux critiques, notamment sur les conditions de détention.

Republicoftogo.com : Quelle est la probabilité que les mandats d’arrêt lancés par le Togo à l’encontre des instigateurs des récents troubles aboutissent ?

Pacôme Adjourouvi : Il ne faut nourrir aucun doute là-dessus. Il est tout à fait normal que la justice togolaise donne suite aux faits constatés. Nous allons emprunter les voies strictement légales. C’est notre ligne de conduite.

Il est inadmissible que des individus, installés à l’étranger, utilisent les réseaux sociaux pour appeler depuis leur pays de résidence à l’insurrection au Togo. Quand on incite à fabriquer des cocktails Molotov, à attaquer des institutions ou une partie de la population, ce n’est plus de l’opinion : c’est de la subversion. Aucun État souverain ne peut tolérer cela.

Nos protestations sont donc portées à l’attention des pays concernés, car ces appels à la violence émanent de leurs territoires. La justice suivra son cours, conformément aux législations en vigueur dans ces pays.

Et je veux ici saluer le travail exemplaire de nos forces de défense et de sécurité. Trop souvent, certains oublient que si nous vivons librement, si nous circulons sans entrave, c’est grâce à leur présence et leur engagement quotidien, parfois au prix de leur vie.

Republicoftogo.com : On note depuis ces événements des restrictions sur l’accès à Internet et aux réseaux sociaux. Le gouvernement est-il à l’origine de ces limitations ?

Pacôme Adjourouvi : Les derniers jours ont montré le caractère extrêmement nuisible de l’usage irresponsable des réseaux sociaux. Face à cette dérive, l’État doit prendre ses responsabilités. Il est clair qu’une réglementation sera envisagée.

Regardez ce qui s’est passé au Bénin récemment : des mesures fermes ont été prises pour encadrer ces plateformes. Le Togo n’y échappera pas. Chaque situation appelle une réponse adaptée. Aux grands maux, les grands remèdes.

Republicoftogo.com : Certaines voix dénoncent des atteintes aux droits de l’homme dans le traitement des manifestants. Que leur répondez-vous ?

Pacôme Adjourouvi : Soyons clairs : aucune mesure excessive n’a été prise. Et je le redis, sans le professionnalisme de nos forces de défense et de sécurité, nous aurions pu connaître des drames bien plus graves.

La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a récemment remis un rapport au Parlement, avec des recommandations. À ma connaissance, aucune n’accuse directement l’État de violations graves. Ce rapport démontre l’engagement du Togo à faire mieux, chaque jour.

En ce qui concerne les conditions de détention, certains ont prétendu que des personnes arrêtées étaient privées de soins. C’est faux. Ce que les forces de sécurité ont refusé, c’est que les détenus fassent venir leurs propres médecins. C’est une mesure de précaution. Car si un problème survenait, on accuserait facilement les autorités d’empoisonnement. Nous devons éviter ce type de piège.

Ces rumeurs ont été exploitées de manière malhonnête, et nous le regrettons. Mais la vérité est là : le Togo agit dans le cadre de la loi, et le respect des droits humains reste une priorité.