Réponse à Ibra Cirè Ndiaye Docteur en droit Antopologue du droit univercitè paris 1 pantheon Sorbonne


Par Abou SY

La plume, si elle n’écrit pas du bien, écrira de la catastrophe !

Il y’a deux plumes :

Celle qui crache son encre pour exprimer les belles pensées ;

Celle qui est mouvementée par la rancœur.

Monsieur le docteur Ibra Ciré Ndiaye, j’ai lu votre texte attentivement, un texte que j’ai trouvé long et imprécis.

S’agit-il d’un texte qui procède par analyse critique de l’Almamia (la dynastie théocratie du Fouta Toro), ou d’une critique acerbe du clan Torodo ?

Votre définition du mot Torodo, est erronée et mal traduite, (So konngol yaltinaama e ɓernde tan, yettotoo ko ɓernde).

Torodo (Prosélyte), ou Torodɓe (mendiants prosélytes).

Je ne vous connais pas et j’ignore autant votre statut social au Fouta Toro, mais en lisant votre texte, on remarque tout de suite que la rancune, voire la haine que vous trainez contre les Torodɓe semblent annihiler votre lucidité intellectuelle.

Le Toorodo est un clan comme tous les autres clans du Fouta Toro, ce mot a existé bien avant l’islamisation du Fouta Toro, sa signification et sa catégorie socioprofessionnelle sont loin de signifier « mendiants prosélytes » comme vous le définissez. Aussi le lecteur voudra bien me permettre de revenir sur la teneur du lexique suivant appartenant à deux familles de lexèmes :

Mendiant = Jelotooɗo

Mendicité = Njelaari

Mendier = Yelaade 

(Tooro, Tooroodo, Tooranke, Tooru).

(Toro, Torot, Toraade, Torotooɗo).

Si ces deux souches lexicologiques de mots sont phonétiquement très proches en poular, donc difficiles à différencier pour les profanes, il n’en demeure pas moins qu’elles renvoient à des réalités bien distinctes. Le premier mot de la première série renvoie d’abord à un lieu, puis engendre des dérivations alors que celui de la seconde série est un verbe, ou si vous préférez, un prédicat. Ces deux mots souvent confondus sont devenus complémentaires, puisque le second semble devenir la fonction du premier. 

Et, Toraade, au sens étymologique s du mot, signifie implorerDieu (Alla) seulement, même si souvent il est employé à la place de (ñaagaade, wallikinaade, ‘’demander, quémander, solliciter…), si on combine les deux, ça donne (Tooroodo ko Torotooɗo Alla).

Hiérarchisation et classification de la société peule du Fouta Tooro.

Très certainement, vous avez repris l’audio de Oustas Ahmed Yaro Kiiɗe, qui circule ces dernier temps, Oustas Kiide, suite à une interview, donne son point de vue, sur la hiérarchisation de la société Foutanké, basée seulement sur une simple spéculation, et fait sa propre déduction, d’ailleurs, cette classification est une idée qui revient souvent sur l’esprit de beaucoup parmi nous.

En fait, les Almamis n’ont laissé aucune note, pour légitimer cette hiérarchisation sociale qui semble vous déranger tant, donc cette classification à laquelle vous faites référencecomme la base de la révolution toorodo est une simple illusion, le groupe révolutionnaire du Fouta Toro, n’était pas composé que des Tooroɓɓe, le nom de Abdoul Karim Jawanndo et tant d’autres témoignent du contraire de vos propos. Le fait maintenant connu de tous est que l’appellation de « révolution toroodo » fut malencontreuse, car cette révolution est tout simplement celle des Foutankobé, toute origine confondue.

La Révolution du Fouta Tooro, n’a pas inventé les lignées claniques existantes au Fouta, et dans la société peule, tous les clans qui stratifient la société du Fouta ainsi que celui Toorodo, étaient sur place, bien avant le mouvement Tooroodo. Cette stratification est consécutive à constitution historique des groupes socioprofessionnels.   

Je pense que votre tentative de banalisation, voire de ridiculisation de la révolution toorodo tout en adoubant les révolutions ayant eu lieu en Amérique et en Europe, n’exprime rien d’autre que votre souhait de plaire à vos maitres occidentaux, qui vous ont lavé le cerveau afin de faire de vous un nègre de service fasciné par l’histoire occidentale et sans doute complexé jusqu’à la moelle des os.

Qui sait ? Peut-être serez-vous gratifié par une rémunération, ou une estime de vos maitres. Vous usez de votre maitrise de cette la langue française et poignardez votre peuple dans le dos ! Le ridicule ne tue donc pas ? En fait vous retombez sur les mêmes « soi-disant fautes », que vous reprochiez auxenfants des chefs Almamis qui ont collaboré avec le colonisateur, et continuent de bénéficier à des postes et des cadeaux, comme vous le dites.

Ainsi va t’échapper, le prestige de Antar Ibnou Chaddad, et sa loyauté envers son peuple :

Un jour Antar Ibnou Chaddad, entre en colère contre son terroir et se réfugie chez les ennemis de son clan, ses derniers espérant une victoire rapide en voyant Antar dans leur rang, préparent une attaque, Antar réfléchit murement et chante des vers historique :

« Sakattu Fa garra A’ada’i Sukoutou »

« Fa Zanouni, Bi Ahli Qad Nasiitou »

Je suis resté en silence
Ainsi mon silence trahi mes ennemis

   Si tu es issu du clan Deniyanké, les dictons célèbres d’Héraclite d’Ephèse, pourraient te suffire comme conseils, 

Issu, d’une noblesse Grecquoise, son époque coïncide avec l’apogée de d’autre famille ainsi il résume, toute son angoisse en deux phrases : 

« Spectacle du monde physique n’est pas encouragent »

« Tout change et rien ne demeure »

La vie est faite ainsi, (kala ko jamaanu waɗi, ko jamaanu firtata ɗum) !!! pooftinaa hoore ma e kaamtaali e caɓɓitaali !

‘’Let bygone be bygone’’

L’illusion d’une révolution : le système Toorodo sous le regard critique

Evidemment, si on examine cette révolution Tooroodo du Fouta Tooro sous l’angle critique, par une analyse exhaustive et scientifique, effectivement, on découvrira des avancées et des insuffisances, le seul problème c’est que vous ne faites pas une analyse historique et scientifique pointues, votre long texte ne se focalise que sur le Tooroodo en tant que groupe clanique, oubliant ainsi l’essentiel : l’apport inaliénable de ce mouvement historique dans le changement positif du Fouta et son caractère pionnier dans l’inauguration d’une nouvelle forme de gouvernance d’Etat. Un intellectuel de votre niveau, ne devrait pas se laisser dominer par des émotions de la rancœur ou un quelconque complexe d’infériorité. 

Cela dit, si nous analysons les faits historiques, des sources orales et écrites coloniales, que nous avons tous lues, il ne s’agit pas de bannir, cette révolution qui a beaucoup apporté au Foutanké, sans faire un rappel historique sur l’empire Deniyanke, sa relation avec la colonisation, les Maures Baní Hassan, et le roi Moulaye ( les rois du Maroc), nous connaissons la suite, cette collaboration entre les princes de toutes les époques, peuvent varier de l’intérêt général aux l’intérêts personnels des rois.

En ce qui concerne L’Almamia du Fouta, deux exemples de traités avec les colons, suffisent pour applaudir et remercier cette révolution. En effet, il fut conclu avec les colons que toutbâtiments qui traverse le fleuve du Fouta Tooro, s’il est chargé des esclaves venus de l’intérieur de l’Afrique, que :

a. Tout celui qui parle le poular ne sera pas vendu comme esclave.
b. Tous ceux qui savent lire ou réciter, même si c’est une sourate courte ou la Fatiha ne peuvent pas être vendus.

Sans oublier les coutumes versées et d’autres traités en faveurs du Fouta et l’Afrique en générale défendus par les Almaamis, de l’autre cô. Au nord il y eut une surveillance accrue du territoire contre les razzia Maures.

Asservissement ou esclavagisme et confiscation du pouvoir

L’esclavagisme est aussi vieux que le monde.

Toutes les sociétés du monde ont connu l’esclavagisme dans leurs civilisations, comme les Grecques qui mirent au monde, Socrate et Aristote et d’autres penseurs célèbres. Et pourtant Aristote prônait la conservation des esclaves, l’lorsqu’il disait : « il existera en permanence dans le monde, des Hommes qui sont créés pour diriger, et d’autres créés pour se soumettre, ils les considèrent comme des objet (machines) vivants, qui sont conduits à travailler et ne savent pas à quoi ils sont conduits »  

Quand à Platon, en ce qui concerne sa république, les murs de sa fondation ne pourront pas se lever, s’il n’existe pas des esclaves pour le dur travail, il dit : « vous êtes tous frères dans la république, mais le dieu qui vous a créé, a mis de l’or dans la boue avec la quelle il vous a créé, ces gens vont devenir les dirigeants, ils seront les mieux respectés, et il a mis de l’argent dans la boue des conseillers, pour que les esclaves deviennent des cultivateurs et travailleurs, il leur a mis du cuivre et du fer ».

Et les Romains qui étaient célèbres par le rationnement, au début ils considéraient les esclaves comme des objets, pas humains, en plus de cela ils ne jouissent pas de liberté comme les hommes libres… (… on disait qu’Alexandre (Tsar), Romain, lorsqu’il a conquis les pays de Galle, il a reçu desmilliers de prisonniers, qu’il a transformé en esclave, c’est ce qui avait fait chuter le prix des esclaves, le prix est tombé jusqu’à 10 Khourous actuel (10 FCFA). 

Page : 92/ chapitre Qadiyatou Ar Riq / (Alimoul Ma’Arifatou / Qadayaa Ifriqiya). 

Tous les peuples et continents ont connu, l’esclavagisme, tous les peuples d’Afrique ont eu des esclaves, il y’a des peuples aux Sénégal qui, à la mort d’un esclave, celui-ci n’est pasenterré dans le même cimetière que les hommes libres ; pire encore. Il suffit de prononcer le patronyme d’un membre de cette communauté pour qu’il soit identifié comme esclave. Ce n’est pourtant pas le cas des Peuls du Fouta Tooro.

Il n’y a pas que les peuples et les nations qui ont asservi les hommes, mêmes les religions révélées, ont asservi les hommes, la Bille Papale a contribué à aider les Européens de s’en prendre aux peuples faibles. L’islam ne fait pas l’exception, car les prisonniers de guerre sont directement transformés en esclaves, même si l’islam progressivement, tente de libérer par plusieurs solutions, voilà, ce sont des pratiques ancestrales que les religions n’ont pas condamnées et combattues en toute rigueur !!!            

Beaucoup d’hommes sont né esclave dans ce monde, et ont libérés leurs peuples, certains même en Afrique ont conçus des royaumes, sans les cités, ils sont bien connus en Afrique et font la fierté de leurs peuples !

(Wonde Maccuɗo, walla Jibineede Maccuɗo bonaani, boni ko ruttanaade ko yawti, walla wona maccuɗo, daña jawdi, doole, ganndal, sooda fetel walla wakkoo sawru wiya kala biiɗo mi, maccuɗo mi fella ɗum, walla mi soka ɗum).

Kala ko aduna waɗi e jamaanu waɗi, ko aduna e jamaanu ittata, daraade ina haɓtoo ɗum tawi alaa mo haɓi ko findinde ko ɗaaninoo.

Miin dey so miɗo suɓotonoo ngonaaka, ngonat mi ko maccuɗo, Maccuɗo Alla, maccuɗo hoore mum, maccantooɗo yimɓe !!!

 Confiscation du pouvoir

Ce que vous appelez confiscation du pouvoir est loin d’être, depuis le début des temps, et la période de lutte des classes, monarchique, anarchique et les dynasties, tout groupe qui renverse, gouverne seul, L’empire Deeniyanké, appartient aux deeniyankoobe, valable pour les pouvoirs du reste du monde et de l’Afrique, cette révolutions appartient aux Mouvement Toorobbe, la révolution de Moussa moolo du Fouladou, le titre est conservé par ses descendants, même si cette révolution Tooroodo n’est pas dirigés par un homme ou une famille, elle est propre au Toorodbe, pourquoi ça vous gêne.

Les dérives et le manque, ou les princes qui ont failli à leur devoir, il fallait les critiquer comme en a fait Dr Ibrahima Abou Sal, qui a le plus d’accès aux archives coloniales, vous êtes Foutanké, vous êtes chercheur, juriste, personne sous le ciel, ne peut vous interdire de faire vos recherches, seulement il faudra les cadrer sur le domaine de la recherche historique et évitez de s’en prendre à qui que ce soit, quelque soit votre statut ou pouvoir, ou savoir, vous aurez toujours quelqu’un pour vous affronter si vous dépassez les limites, à savoir que les Toorodo du Fouta Tooro, ne renonceront jamais leur statut de Toorodo, c’est un prestige historique que nous devons sauvegarder jusqu’à la fin des temps. Celui qui ne veut plus s’identifier au groupe Tooroodo, il est libre, celui qui ne veutplus être Maccuɗo il est libre, chacun garde sa dignité, il ne faut pas que le Fouta et les Peules deviennent une cible de toutes les pourritures du monde, ou (Gesel wela piice garɗo fof hela, kelɗo fof min kela, min tokkita !!!)           

Chacun sait faire la différence entre attaque ciblée ou une étude ou critique scientifique.

Ganndo yo salo honngude baafal, wiyee holi o, oo ko kaari, henndu kine rewnee e mum !!!

Dimo ganndo yo salo winndude, winndannde innde mum sooynee, tan wiyee eeh, oo ko mette mum haalata!!!

Mi woondirii Alla Tedduɗo o, ngol ɗoo leñol, e no ngol mahorii nih, e kinle maggol, e pinal maggol e cañu maggol, e kisal maggol e ɗemngal maggol, ko mi deenoowo ngol, kaɓanteeɗo ngol, kala hinnde memaande ko mi jaabotooɗo, kasoo e kasanke, mi salotaako.

ABOU SY

17/ 10/ 2024