Togo : Badanam Patoki, le nouveau stratège économique de Faure Gnassingbé


Technocrate expérimenté, fin connaisseur des rouages financiers de la sous-région, Badanam Patoki, l’ancien patron du CREPMF hérite du ministère togolais de l’Économie et de la Veille stratégique, un portefeuille clé au cœur des ambitions économiques du pays.

Discret, méthodique et respecté dans les cercles économiques ouest-africains, Badanam Patoki est de ceux qui préfèrent les chiffres aux discours. Sa nomination, le 8 octobre dernier, à la tête du ministère de l’Économie et de la Veille stratégique marque le retour au premier plan d’un haut fonctionnaire rompu à la rigueur technocratique et à la gestion des grands équilibres macroéconomiques.

De la BCEAO au CREPMF : l’ascension d’un expert régional

Avant d’intégrer le gouvernement togolais, Badanam Patoki présidait le Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (CREPMF), organe de régulation du marché financier de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Pendant son mandat, il a conduit plusieurs réformes structurantes pour moderniser le marché régional : renforcement des normes de transparence, durcissement des mécanismes de contrôle, et amélioration de l’attractivité du marché auprès des investisseurs institutionnels.

Sous sa houlette, le CREPMF s’est imposé comme un acteur incontournable du financement des économies ouest-africaines, favorisant l’émission d’obligations souveraines et l’accès des États aux ressources du marché régional.

Mais le parcours de ce technocrate débute bien plus tôt, au cœur de l’appareil économique togolais. Ancien secrétaire général du ministère de l’Économie et des Finances, il a été l’un des artisans des réformes budgétaires du début des années 2010, contribuant à la modernisation du cadre de gestion des finances publiques et au dialogue avec les institutions de Bretton Woods.

Son passage à la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) lui a également permis d’acquérir une maîtrise approfondie des politiques monétaires et de régulation bancaire. Dans les couloirs de cette institution, il a laissé l’image d’un expert « rigoureux, discret mais très efficace », selon un ancien collègue.

Un portefeuille stratégique sous haute vigilance

À la tête du ministère de l’Économie et de la Veille stratégique, Badanam Patoki devra désormais conjuguer vision nationale et cohérence régionale. Son portefeuille, l’un des plus lourds du nouvel exécutif, s’accompagne de trois départements rattachés. Il s’agit d’abord de la Promotion des investissements, de l’Industrie et de la Souveraineté économique, confiée à Manuella Modukpe Santos. Ensuite de l’Énergie et les Ressources minières, dirigé par Robert Eklo. Puis le Commerce et le Contrôle de la qualité, sous la houlette de Kossi Ténou, ancien Directeur national de la BCEAO pour le Togo.

Ce découpage traduit la volonté du pouvoir togolais de centraliser la réflexion économique et de mieux articuler les leviers d’investissement, d’industrialisation et de compétitivité. La mission du nouveau ministre s’annonce donc cruciale : assurer la cohérence de la stratégie économique nationale, dans un contexte marqué par la transition institutionnelle du pays et les incertitudes géopolitiques régionales.

Badanam Patoki ou un homme de dossiers

Peu enclin à la lumière médiatique, Badanam Patoki cultive une réputation d’homme d’écoute et de synthèse. Sa nomination est perçue, à Lomé comme à Abidjan, comme celle d’un profil technique plus que politique, capable de concilier les exigences de rigueur financière avec la recherche d’une croissance inclusive.

« C’est un esprit structuré, un travailleur acharné, qui sait naviguer dans les environnements complexes sans jamais céder à la pression », confie un ancien cadre de la BCEAO.

Dans un Togo en quête de crédibilité économique et d’efficacité institutionnelle, le nouveau ministre devra désormais mettre sa rigueur au service d’une ambition : faire de la veille stratégique un instrument d’anticipation et de pilotage des politiques publiques.

Car pour Badanam Patoki, la stabilité économique n’est pas une fin en soi — c’est un outil de souveraineté. Et c’est là que se joue, peut-être, le cœur de sa mission.

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