Togo : la coupure partielle d’Internet grippe le secteur bancaire


Depuis les manifestations des 26, 27 et 28 juin 2025, le Togo connaît une perturbation prolongée de l’accès à Internet, notamment sur les réseaux sociaux et certains services mobiles. Si les autorités n’ont fait aucune communication officielle à ce sujet, les conséquences commencent à se faire sentir dans des secteurs-clés de la vie économique, à commencer par les banques.

Une paralysie d’Internet aux répercussions économiquesUn climat d’incertitude technologique

L’alerte est venue d’Ecobank-Togo, l’un des principaux établissements bancaires du pays, qui a publié un communiqué officiel en date du 3 juillet. La banque y reconnaît que les SMS indispensables à la validation des transactions – notamment les alertes et les codes de confirmation – ne parviennent plus aux clients dont les numéros sont enregistrés avec l’indicatif national +228.

« Nous vous encourageons à privilégier, dans la mesure du possible, les validations par e-mail ou via des numéros étrangers », indique sobrement la direction d’Ecobank, tout en promettant de « tenir informés [ses] clients du rétablissement du service ».

Une paralysie d’Internet aux répercussions économiques

Ce dysfonctionnement d’Internet dépasse le seul cadre des alertes bancaires. De nombreuses opérations quotidiennes – paiements en ligne, authentifications, transferts via mobile money, activation d’applications – reposent sur une infrastructure numérique désormais fragilisée par les restrictions imposées dans l’ombre.

D’autres banques implantées dans le pays, bien qu’encore discrètes dans leur communication, éprouvent des difficultés similaires. Des sources internes évoquent des retards dans les virements, des difficultés d’accès aux interfaces professionnelles, ou encore des problèmes de synchronisation entre agences et serveurs.

« Cela fait plus de dix jours que certaines fonctions essentielles tournent au ralenti », confie un employé de banque sous couvert d’anonymat. « Pour certains clients, c’est l’impasse : ils ne reçoivent plus les SMS de vérification, ne peuvent pas finaliser leurs opérations et finissent par abandonner. »

Un climat d’incertitude technologique

Alors que la digitalisation des services bancaires est au cœur des politiques d’inclusion financière sur le continent, cette interruption d’Internet non déclarée soulève des questions préoccupantes sur la résilience du système togolais. Elle révèle aussi la dépendance accrue des services économiques à une connectivité fiable.

La situation met également en lumière un déficit de communication institutionnelle. Ni les autorités, ni les fournisseurs d’accès à Internet, ni le ministère de l’Économie numérique n’ont apporté d’explication publique sur la nature, la durée ou les raisons de ces perturbations. Une opacité qui alimente les frustrations des usagers et l’inquiétude des opérateurs économiques.

Ce n’est pas la première fois que le Togo est confronté à des restrictions numériques liées à un contexte politique ou social tendu. En 2017, lors de manifestations antigouvernementales, les réseaux sociaux avaient déjà été bloqués, suscitant à l’époque une condamnation de la Cour de Justice de la CEDEAO pour violation de la liberté d’expression.

Huit ans plus tard, l’histoire semble se répéter, au mépris des jurisprudences régionales et dans un contexte économique bien plus numérisé.

En attendant un hypothétique retour à la normale, les banques, les entreprises et les particuliers doivent s’adapter, tant bien que mal, à une instabilité numérique dont personne ne veut assumer publiquement la responsabilité.