Après deux années marquées par les turbulences post-Covid et l’onde inflationniste mondiale, l’économie togolaise confirme son retour à la stabilité des prix. Selon les données publiées jeudi à Lomé par l’Institut national de la statistique et des études économiques et démographiques (INSEED), l’inflation est tombée à 0,5 % en novembre 2025, contre 0,6 % le mois précédent. Une performance rare dans l’espace UEMOA.
Avec ce nouveau recul, le Togo s’installe durablement dans une zone de faible inflation. Depuis décembre 2024, où l’indice culminait encore à 2,9 %, la courbe n’a cessé de s’infléchir, portant désormais la moyenne annuelle autour de 1 %, bien en dessous du seuil communautaire de l’UEMOA fixé à 3 %.
Les chiffres de novembre ont été obtenus grâce à l’Indice harmonisé des prix à la consommation (IHPC), compilé sur la base d’un vaste dispositif national de collecte. En effet, 810 produits sont suivis, 4790 points de vente sont inspectés, et 36 299 relevés de prix sont réalisés chaque mois. Ce maillage dense conforte la crédibilité des tendances observées.
Techniquement, l’inflation est mesurée comme la variation moyenne des indices des prix des 12 derniers mois par rapport à la même période un an plus tôt. Une méthodologie sur 24 mois qui permet de lisser les chocs conjoncturels.
En novembre 2025, la diminution de l’offre des produits agricoles vivriers s’est fait ressentir sur les marchés aussi bien dans la zone agricole du nord Togo que dans la zone agricole du sud Togo. La baisse de l’offre des produits agricoles vivriers durant ce mois a entrainé une légère augmentation des prix de la division « produits alimentaires et boissons non alcoolisées » impactant la hausse du niveau général des prix.
Les produits ayant le plus contribué au renchérissement du niveau général des prix en novembre 2025 sont entre autres : Adémè ; l’oignon frais rond ; l’igname ; les feuilles de baobab ; le gboma ; le piment vert (gboyébessé) ; le gingembre frais ; l’huile de palme traditionnelle (zomi) ; le charbon de bois ; les courses en ville (taxi-moto et taxi) et la bouillie de céréale sucrée.
Une désinflation grâce aux politiques publiques
Pour Gentry Akoly, directeur général de l’INSEED, les résultats ne relèvent pas du hasard. « Ces performances sont la résultante des politiques favorables à la production agricole et à la préservation du pouvoir d’achat des ménages : soutien à la production, stabilisation des prix des biens de grande consommation, allègements fiscaux, subventions ciblées », a-t-il expliqué devant la presse.
Depuis 2022, le gouvernement togolais a multiplié les mesures pour amortir les hausses mondiales des denrées et de l’énergie marqué par le plafonnement temporaire de certains prix, le soutien aux intrants agricoles, les exonérations fiscales pour les produits de base, et les mécanismes de régulation du marché intérieur.
L’amélioration des campagnes agricoles 2024 et 2025 a également pesé sur le panier de consommation, notamment grâce à une meilleure disponibilité locale des céréales, tubercules et légumes.
La baisse continue de l’inflation place le Togo en position favorable pour respecter le critère de convergence primaire de l’UEMOA, qui exige un taux maximal de 3 %. Les responsables de l’INSEED se montrent confiants. « La dynamique observée en fin d’année devrait permettre au pays de clôturer 2025 largement dans la norme régionale», a rassuré Gentry Akoly.
Dans un espace communautaire où plusieurs États peinent encore à contenir les pressions inflationnistes liées aux tensions sécuritaires et aux déséquilibres budgétaires, la trajectoire togolaise fait figure d’exception.
Cette désinflation tombe à point nommé pour le gouvernement, qui voit se confirmer l’un des objectifs économiques centraux de sa Feuille de route 2020-2025 consistant à la maîtrise du coût de la vie. Elle pourrait également renforcer la confiance des bailleurs et investisseurs dans un contexte où le Togo cherche à accélérer la mise en œuvre de ses programmes agro-industriels et logistiques.
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